Italie : procès de l'ex-ministre Matteo Salvini accusé d'avoir bloqué des migrants en mer

Le procès de l'ancien ministre italien d'extrême-droite Matteo Salvini débute ce 23 octobre à Palerme. Il est accusé d'avoir bloqué illégalement en mer des migrants alors qu'il était ministre de l'Intérieur. 
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procès salvini migrants
Gregorio Borgia / AP
Des jeunes du mouvement Our Voice protestent devant le centre pénitentier Pagliarelli de Palerme où se déroule le procès du sénateur Salvini, avec une pancarte "Monsieur Salvini, c'est comme ça que vous sauvez des vies innocentes ?"
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Le procès du dirigeant italien d'extrême droite Matteo Salvini, accusé d'avoir bloqué illégalement en mer 147 migrants en 2019 lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, a démarré ce 23 octobre à Palerme, en Sicile. L'audience se déroule alors que 406 migrants, sauvés lors de plusieurs opérations au large de la Libye par le navire allemand Sea Watch 3 de l'ONG Sea Watch, ont débarqué dans le port sicilien de Pozzallo, selon l'agence italienne AGI.

(RE)voir : Italie : première journée de procès de l'ancien ministre de l'Intérieur Salvini
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Séquestration de personnes et d'abus de pouvoir 

Le procès s'était ouvert le 15 septembre mais avait été renvoyé immédiatement. L'audience de samedi devrait être largement procédurale, le juge Roberto Murgia devant décider de la recevabilité des témoins présentés. 
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Matteo Salvini, 48 ans, est le chef de La Ligue, parti anti-migrants d'extrême droite qui appartient à la coalition actuellement au pouvoir dirigée par Mario Draghi. Il est accusé de séquestration de personnes et d'abus de pouvoir pour avoir interdit le débarquement de 147 migrants secourus en mer par l'ONG Open Arms en août 2019.

Il avait refusé pendant six jours d'accorder un port sûr au navire de l'ONG espagnole qui mouillait au large de la petite île italienne de Lampedusa (au sud de la Sicile) alors que les conditions à bord s'aggravaient. Les migrants n'avaient été autorisés à débarquer que grâce à une ordonnance émise par la justice sicilienne après une inspection à bord qui avait confirmé la gravité de la situation sanitaire sur le navire surpeuplé.

"Ocean Viking" : le gouvernement italien autorise le débarquement de 82 migrants à Lampedusa (septembre 2019)

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(Re)voir : En Italie, 131 migrants toujours bloqués à bord du navire Gregoretti (juillet 2019)

Une décision validée par le gouvernement de l'époque

Connu pour ses déclarations controversées, notamment sur l'immigration, M. Salvini a été vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur dans le premier gouvernement de Giuseppe Conte, de juin 2018 à septembre 2019. Il assure avoir agi pour le bien de l'Italie et pour dissuader les migrants de s'embarquer sur les côtes africaines pour une dangereuse traversée de la Méditerranée, soulignant que la décision avait été validée par le gouvernement de l'époque et M. Conte.

L'accusation a demandé que M. Conte figure sur la liste des témoins, ainsi que Luciana Lamorgese et Luigi Di Maio actuellement respectivement ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères.


"Voici le tribunal de la prison de Palerme", a tweeté depuis la salle d'audience M. Salvini avec une photo de lui-même debout devant une cellule réservée à certains accusés. "Le procès voulu par la gauche et les fans de l'immigration illégale commence : combien cela va-t-il coûter aux citoyens italiens ?".

(Re)lire : En Italie, Matteo Salvini se pose en martyr de la justice

Neuf migrants se sont portés parties civiles 

Devant le tribunal, le fondateur et directeur d'Open Arms, Oscar Camps, a assuré aux journaliste que le procès n'avait pas de motivation politique. "Sauver des gens n'est pas un crime mais une obligation, non seulement pour les capitaines mais pour l'État tout entier", a déclaré M. Camps.

Vingt-trois parties civiles, dont neuf migrants qui se trouvaient à bord, sont représentées au procès. Le Sénat a voté l'an dernier la levée de son immunité parlementaire, ouvrant ainsi la voie à la tenue du procès de M. Salvini.

Dans une autre affaire similaire, le tribunal de Catane, également en Sicile, avait ordonné l'abandon des poursuites contre M. Salvini, mis en cause pour avoir bloqué en mer une centaine de migrants sauvés par le navire "Gregoretti" des garde-côtes italiens, toujours durant l'été 2019.

(Re)lire : Sauvetage de migrants en Méditerranée : les capitaines Carola Rackete et Pia Klemp, admirées ou détestées

(Re)voir : Le bras de fer entre l'Italie et le navire humanitaire Sea-Watch