Italie : quels sont les différents partis en lice pour les législatives de dimanche ?

Dimanche ont lieu les élections législatives en Italie. Un scrutin que se disputeront quatre forces : le camp de la droite de Giorgia Meloni ou encore de Matteo Salvini, le centre de Matteo Renzi et Carlo Calenda, le centre gauche d'Enrico Letta et enfin le Mouvement 5 étoiles de Giuseppe Conte, ne se revendiquant ni de droite ni de gauche. Tour d'horizon de ces différentes forces en présence. 
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 Le chef du Parti démocrate, Enrico Letta, prend la parole lors du dernier rassemblement du parti avant les élections de dimanche à Rome, le vendredi 23 septembre 2022. Les Italiens votent dimanche pour un nouveau Parlement et le résultat du scrutin déterminera qui gouvernera ensuite l'Italie, à l'important secteur industriel économique et membre clé de l'OTAN.
AP Photo/Alessandra Tarantino
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Le camp de la droite et de l'extrême-droite
 

L'alliance de droite est composée du  parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia, de la Ligue de  Matteo Salvini, des Frères d'Italie (FdI) de Giorgia Meloni ainsi que de certains petits partis centristes issus de la droite de l'ancienne Démocratie chrétienne.
 

A Naples, Giorgia Meloni, cheffe de Fratelli d'Italia (FdI), est donnée à près de 25% dans les intentions de vote.

(Re)voir : Italie : la coalition des droites favorite des législatives

A 45 ans, cette Romaine dont le parti est le seul à avoir refusé d'intégrer le gouvernement d'union nationale de Mario Draghi inspire confiance à ses partisans : "tout ce qu'elle dit, elle le fait", a déclaré à l'AFPTV Leone Carmelo, un cuisinier de 71 ans venu de Trente, dans le nord.

Bien placée pour devenir la prochaine Première ministre, la pasionaria de la droite italienne milite pour une "Europe confédérale" qui "respecte la souveraineté des Etats membres" en leur laissant le soin de décider de la "politique de proximité" concernant directement les citoyens.

Dans cette optique, elle réclame la renégociation du plan de relance post-Covid italien, financé à hauteur de près de 200 milliards d'euros par l'Europe, pour tenir compte de la flambée des coûts de l'énergie dans la foulée de la guerre en Ukraine. 

(Re)voir : Législatives en Italie : qui est Giorgia Meloni ?
 

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"La Meloni" comme on l'appelle en Italie, 45 ans, s'est coalisée avec Forza Italia (FI, droite) du magnat octogénaire Silvio Berlusconi et avec la Ligue de Matteo Salvini, ancien ministre de l'Intérieur poursuivi en justice pour avoir bloqué des navires humanitaires secourant les migrants en Méditerranée.

Ensemble, ils pourraient obtenir la majorité absolue des sièges à la Chambre des députés et au Sénat avec une avance confortable sur le Parti démocrate (PD) d'Enrico Letta, qui a échoué à faire l'unité au centre et à gauche.

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L'extrême droite italienne espère une victoire historique samedi, à la veille de législatives cruciales qui pourraient faire de Giorgia Meloni la première dirigeante d'un parti post-fasciste à conduire le gouvernement d'un pays fondateur de l'Europe communautaire.
Alessandro Garofalo/LaPresse Via AP

Le centre de Matteo Renzi et Carlo Calenda


En aôut dernier, le parti centriste Azione, mené par Carlo Calenda, rompait son alliance avec le Parti démocrate (PD) d'Enrico Letta. Un revirement provoqué par l'accord électoral annoncé  entre le PD et les écologistes de Europa Verde et la gauche italienne (Sinistra italiana, SI). 


Matteo Renzi, chef de gouvernement de 2014 à 2016, dirige une petite formation centriste, Italia Viva.

L'objectif des deux politiques est la création d'un « troisième pôle centriste » . Ce dernier était crédité de 15 % par les sondages les plus optimistes, en août dernier.  

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L'ancien Premier ministre de centre-gauche Matteo Renzi. 
AP Photo/Alberto Pellaschiar


Le M5S de Giuseppe Conte 


Il y a quatre ans, le M5S, une formation anti-système qui promettait de renverser la table, remportait les législatives, plébiscité par des millions d'électeurs désabusés, séduits par le "revenu minimum citoyen" pour les Italiens pauvres, par son programme anti-austérité et son rejet de la politique traditionnelle.
 

Mais le soutien de la base s'est étiolé. Les sondages placent le M5S à moins d'un tiers des 33% raflés en 2018.

Le parti s'est aussi allié avec presque tous ses adversaires politiques - d'abord la Ligue (anti-immigration), puis le Parti démocrate (centre/centre-gauche), pour finalement rejoindre la grande coalition de Mario Draghi début 2021.

Ces changements ont entraîné des revirements politiques, des dissensions publiques entre les dirigeants du parti et des accusations de copinage.

Le M5S a enregistré une hémorragie de parlementaires: il a perdu 54% de ses députés et 45% de ses sénateurs depuis 2018, selon une étude de YouTrend.

Giuseppe Conte, son leader, a arpenté la péninsule pour défendre le programme du M5S : arrêt des envois d'armes à l'Ukraine, lutte contre la corruption et le changement climatique, augmentation de la dette du pays pour affronter l'inflation qui touche ménages et entreprises.

(Re)lire : Que faut-il savoir sur l'Italie la veille des élections législatives ?

Avocat et professeur de droit de 58 ans, cet orateur volubile, peu charismatique mais rassurant, était un illustre inconnu quand il est devenu président du Conseil en 2018, sans s'être jamais frotté au suffrage universel.

Politiquement indépendant à l'origine mais très proche de l'inclassable Mouvement 5 Etoiles qualifié "d'antisystème" avant d'accéder au pouvoir et dont il est devenu président en mars 2022, M. Conte a été un électeur de gauche toute sa vie.
 

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Le M5S de l'ex-chef du gouvernement Giuseppe Conte reste populaire dans le sud de l'Italie, où des millions de personnes pauvres bénéficient du "revenu citoyen", un minima qu'il a mis en place en 2019 et que les conservateurs veulent supprimer.
AP Photo/Alessandra Tarantino


Le centre gauche d'Enrico Letta  

 

Europhile fervent issu de la démocratie chrétienne, ministre précoce et mine de bon élève, l'ancien chef de gouvernement italien Enrico Letta fait tout pour barrer la route à l'extrême droite aux législatives de dimanche et défendre la place de son pays dans l'UE.

Secrétaire national du Parti démocrate (PD, centre gauche), ce juriste un peu raide dans son costume est cependant donné perdant par les sondages face à la bouillante Giorgia Meloni, cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia.

(Re)lire : Italie : l'ex-ministre d'extrême droite de l'Intérieur Matteo Salvini devant la justice

Meloni, 45 ans, peut s'appuyer sur son alliance avec la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi.

Le PD, lui, n'emmène qu'un modeste parti de la gauche écologiste. Il compte sur les 20% d'indécis: "Si nous arrivons à mobiliser 10% d'entre eux, nous gagnerons les élections", assurait Enrico Letta dans un entretien à l'AFP fin août.

Pour ce Toscan de 56 ans au CV long comme le bras - docteur en droit international, il a enseigné en Italie, à HEC et a dirigé l'Ecole des affaires internationales de Sciences-Po -, une victoire aux législatives permettrait d'effacer le cuisant souvenir de ses neuf mois passés à la tête du gouvernement à partir d'avril 2013.

Après avoir pris la tête du PD en décembre 2013, son grand rival, l'ambitieux Matteo Renzi, alors maire de Florence, fait voter en interne en février de l'année suivante une motion réclamant la formation d'un nouveau gouvernement. Et donc la tête de Letta.

Mis en minorité au sein de son parti, Enrico Letta démissionne, aussitôt remplacé par... Matteo Renzi.

Interrogé sur cet épisode près de dix ans plus tard - entre-temps Matteo Renzi a fait dissidence et créé son propre parti -, Enrico Letta ne laisse transparaître aucun ressentiment. "Le monde politique est cruel comme est cruel tout type de relation complexe, mais il sait aussi être généreux", dit-il dans un sourire.

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Europhile fervent issu de la démocratie chrétienne, ministre précoce et mine de bon élève, l'ancien chef de gouvernement italien Enrico Letta fait tout pour barrer la route à l'extrême droite aux législatives de dimanche et défendre la place de son pays dans l'UE.
AP Photo/Domenico Stinellis