Japon, impacts du séisme et de l'accident nucléaire sur l'économie
Un vent de panique s’empare des marchés financiers et de l’économie planétaire. Le Japon, 3ème puissance économique mondiale après les États-Unis et la Chine, connaît, selon le Premier ministre Naoto Kan, la plus grave crise de son histoire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Après le séisme et le tsunami survenus au Nord Est de l'archipel nippon, et seize ans après le tremblement de terre de Kobé, le pays du Soleil levant vit désormais avec la peur d'une catastrophe nucléaire. Le Japon pourra-t-il se relever des conséquences économiques dues à ce nouveau cataclysme naturel ? Oui répond le FMI : le Japon est un pays riche doté d'une économie forte et a "tous les moyens financiers" pour faire face aux défis provoqués par le séisme et le tsunami. "L'économie du Japon est robuste, la société japonaise est riche, et le gouvernement dispose de toutes les ressources financières pour faire face à ces besoins", a déclaré Caroline Atkinson, directrices des relations extérieures du FMI.
La Une du Financial Times du 16 mars 2011 : “Le désastre japonais 'fout la trouille' aux marchés.“
D’après les chiffres de l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE), en 2009, le Japon a été affecté par la crise économique de 2009. Mais le pays a tout de même mieux su résister à la récession, grâce à une politique d’innovation très offensive, (3,5% du PIB) qui a maintenu une croissance même modeste. Le Japon avait cependant perdu son deuxième rang de puissance mondiale en 2010, passant derrière son ennemi de toujours, la Chine. Tokyo avait réussi un rétablissement économique spectaculaire à partir des années cinquante, se plaçant résolument dans le futur et les nouvelles technologies, un moyen de faire oublier le fourvoiement de l’alliance avec les nazis et les destructions atomiques de Hiroshima et Nagasaki par les Américains.
ET MAINTENANT ?
Certains économistes considèrent cependant que la catastrophe naturelle du nord est de l’archipel frappe le Japon au pire moment possible. Après dix années plombées par la déflation, les finances publiques sont plus que jamais dans le rouge : la dette de l’État approche des 250 % du PIB (à titre de comparaison, la dette publique grecque déjà abyssale est autour de 150 % du PIB) et les taux d’intérêt sont au plus bas.
Les principaux secteurs de l’économie japonaise sont affectés par la catastrophe. Automobile, électronique, métallurgie ou pétrochimie, tous les moteurs de l’industrie nippone sont plus ou moins présents dans le nord est du pays, région touchée par le séisme et le tsunami. Actuellement, les plus grandes firmes sont au chômage technique. La reprise des activités dépend aussi de la réalimentation électrique, annoncée pour bientôt mais avec des coupures régulières pour ne pas tout faire sauter à nouveau.
Certaines infrastructures sont inexploitables ou fermées : ports et aéroports détruits ou à l’arrêt, routes et lignes de chemin de fer coupées entraineront également une reprise très ralentie. Le manque de pièces, l’augmentation des prix et un retard dans la production sont à prévoir dans les mois à venir. Ce qui à court terme entraînera une baisse des exportations, fer de lance de l’économie japonaise.
La consommation devrait aussi diminuer ; en revanche le taux d’épargne va progresser pendant quelques mois environ. L’épargne des Japonais sera au cœur du plan de relance gouvernemental. Les Japonais pensent réussir à surmonter leurs difficultés grâce aussi à leurs importantes réserves de liquidités. La population nippone est la population qui épargne le plus au monde.
Enfin, la mondialisation pourrait permettre aussi de relancer l’économie nationale. Toutes les usines appartenant aux multinationales nippones dans le monde travaillaient jusqu’à présent en sous capacité (chômage partiel). Les entreprises de l’archipel vont donc pouvoir rediriger leur production vers ces structures délocalisées, en y augmentant les cadences.
Nul ne peut aussi prévoir les conséquences de l’accident nucléaire majeur de Fukushima : selon sa gravité, l’activité des entreprises et des ménages sera plus ou moins impactée, avec à la clé une baisse du PIB.
Privé d’une partie de son nucléaire, le Japon aura besoin de trouver d’autres sources d’énergie pour compenser la déficience d’électricité. Il devra alors se tourner vers le pétrole au moment où les prix du brut continuent de s’envoler, alourdissant encore un peu plus la dette du pays.
À LONG TERME ?
Le pays du soleil levant sera certainement aussi dopé par des aides de l’État, une tradition à Tokyo. Les dépenses publiques seront nécessaires pour la reconstruction et contribueront à accélérer la reprise de l'économie japonaise, comme cela avait été le cas après le tremblement de terre de Kobé (près de 7000 morts) en 1995. Le pays avait alors connu une nette reprise grâce à une politique de grands travaux et de reconstruction. Le gouvernement avait remplacé rapidement les biens et infrastructures détruits. Ce qui induit des analystes économiques à émettre des prévisions optimistes sur l’avenir économique du pays.
La grande frilosité des marchés internationaux
Le rebond de près de 6 % de la Bourse de Tokyo, mercredi 16 mars, après un plongeon historique, ne remotive pas les investisseurs européens et américains.
Un vent de panique souffle également sur les marchés financiers. Que ce soit en Asie, en Europe ou aux États-Unis, les indices boursiers accusent d’importantes baisses. Les craintes des investisseurs sont loin d’avoir disparu. Les inquiétudes sur la situation nucléaire grippent les salles de marché. Le manque d'informations et l’incertitude jouent énormément.