Grande gueule consensuelle Chrétien-démocrate luxembourgeois, Jean-Claude Juncker a été élu président de la Commission européenne par le Parlement européen. Il a été désigné par 26 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE et a obtenu 422 voix sur 751 eurodéputés. L’homme est un européen convaincu, persuadé que son petit pays n’a pas d’autre choix que de s’appuyer sur l’Union pour exister face à au monde, et sur la Commission pour exister face aux grands pays européens. De là à en faire un "fédéraliste" convaincu, il y a un pas : Jean-Claude Juncker s'inscrit avant tout dans la lignée de ses prédécesseurs, capable d'évoluer aussi bien dans la logique "intergouvernementale" que dans la "méthode communautaire". Un européiste convaincu? C’est aussi une grande gueule qui en pleine crise de la zone euro, qui n’hésitait jamais à publiquement stigmatiser l’Allemagne: d'après lui, elle humiliait lui les Grecs. Mais pas seulement: il reprochait à la Chancelière et à son gouvernement qui, disait-il, menait sa campagne électorale interne sur le dos de l’euro. Mais malgré ses vacheries, Jean-Claude Juncker est un homme consensuel, doté, disent ceux qui ont travaillé avec lui, d’une grande capacité d’écoute, et souvent au courant des malheurs des uns et des autres dans leur pays.
Une fin de carrière nationale entachée Après 18 ans à la tête de du gouvernement grand-ducal, Jean-Claude Juncker a cependant du quitter ses fonctions, en 2013, par la petite porte.
Éclaboussé par un scandale lié aux services de renseignements luxembourgeois, il a du remettre sa démission. Aux élections qui ont suivi, en octobre 2013, le parti populaire chrétien social de Jean-Claude Juncker s'était maintenu comme premier parti. Mais, perdant des plumes, il n'avait pu éviter qu'une coalition de centre-gauche se construise contre lui, offrant le poste de Premier ministre au maire de Luxembourg, Xavier Bettel. Ses détracteurs rappellent que le Luxembourg a, durant de très nombreuses années, bloqué toute avancée européenne dans les dossiers d'harmonisation fiscale. Le public se rappelle de sa réplique sur le sujet: "La France n’est pas plus exemplaire en terme de moralité financière que le Luxembourg", s'exclamait-il en 2008. Sur le sujet, Jean-Claude Juncker a toujours botté en touche, se contentant de signaler qu'il n'était pas le seul à la table européenne. La candidature de Jean-Claude Juncker à la Commission en a cependant surpris plus d’un. On le savait plus intéressé par le poste de président du Conseil, le poste occupé par Herman Van Rompuy, qui doit lui aussi être renouvelé. Il n'est pas sûr que la masse de dossiers techniques, de normes précises à négocier, amusent beaucoup ce passionné de négociations politiques. Il essaiera sans doute de sortir la Commission de son rôle de cabinet de consultance pour tenter d’en faire un moteur d’une union plus efficace. Mais tout cela reste à voir.
(RTBF) L'UE COMPTE 100 MILLIONS D'HABITANTS DE PLUS QU'EN 1960
(AFP)
L'Union européenne comptait 507,4 millions d'habitants au 1er janvier, en hausse grâce à la croissance naturelle de la population et surtout au solde migratoire, selon de premières estimations démographiques publiées jeudi par l'office européen de statistiques Eurostat. Les 28 pays qui composent actuellement l'UE comptent ainsi environ 100 millions d'habitants de plus qu'en 1960, souligne Eurostat. La population a augmenté au cours de l'année dernière, puisque l'UE comptait 505,7 millions d'habitants au 1er janvier 2013. Cette hausse "résulte d'un accroissement naturel de la population de 80.000 personnes", soit la différence entre les naissances et les décès, et "d'un solde migratoire de 700.000 personnes", le reste de l'augmentation étant dû à des ajustements statistiques, explique Eurostat. En 2013, 5,1 millions de bébés sont nés dans l'UE. Le taux brut de natalité a diminué par rapport à 2012, passant de 10,4 à 10,0 naissances pour 1.000 habitants. Les taux de natalité les plus élevés ont été enregistrés en Irlande (15,0 pour mille), en France (12,3 pour mille) et au Royaume-Uni (12,2 pour mille). Les plus faibles ont été enregistrés au Portugal (7,9 pour mille), en Allemagne, Grèce et Italie (8,5 pour mille chacune). Le taux brut de mortalité a été de 9,9 décès pour mille habitants dans l'UE, stable par rapport à 2012. Les taux de mortalité les plus élevés ont été enregistrés en Bulgarie (14,4 pour mille), Lettonie (14,3 pour mille) et Lituanie (14,0 pour mille) et les plus faibles à Chypre (6,0 pour mille), en Irlande (6,5 pour mille) et au Luxembourg (7,0 pour mille). En conséquence, la plus forte croissance positive naturelle de la population a été enregistrée en Irlande, loin devant Chypre, le Luxembourg et la France. Treize pays ont enregistré une croissance naturelle négative (plus de décès que de naissances): les plus fortes baisses ont été enregistrées en Bulgarie, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Roumanie et Allemagne. En matière de solde migratoire, les plus positifs ont été enregistrés au Luxembourg (+19,0 pour mille), loin devant Malte (+7,6 pour mille) et la Suède (+6,8 pour mille). Chypre (-13,9 pour mille), la Lettonie (-7,1 pour mille) et la Lituanie (-5,7 pour mille) ont enregistré les soldes migratoires négatifs les plus élevés. Au total, en 2013, la population a augmenté dans 15 pays de l'UE, en particulier le Luxembourg, Malte, la Suède, l'Autriche, le Royaume-Uni et le Danemark. Elle a baissé dans 13, principalement la Lettonie, la Lituanie, Chypre, mais aussi la Grèce, le Portugal, la Bulgarie et l'Espagne.