Fil d'Ariane
Les traités comme le JEFTA sont censés permettre d'accroitre les échanges commerciaux entre des zones du monde afin d'augmenter leur croissance économique et créer des emplois.
> Lire notre article : "Accords commerciaux transatlantiques : TAFTA est mort, vive CETA ?"
Le JEFTA est mystérieusement très peu efficace sur ces pans là, selon la Commission européenne elle-même, qui a évalué le gain de PIB à 0,14% et une création de 100 000 emplois d'ici à 2035. Autant dire une goutte d'eau dans l'océan économique de l'Union européenne qui compte aujourd'hui 240 millions d'habitants actifs.
Les principaux avantages du JEFTA ont été malgré tout mis en avant fin 2017 par la Commission européenne de la façon suivante :
"L'accord de partenariat économique supprimera la grande majorité des 1 milliard d'euros de droits payés annuellement par les entreprises de l'UE exportant vers le Japon, ainsi que de nombreux obstacles réglementaires de longue date. Il ouvrira également le marché japonais de 127 millions de consommateurs aux principales exportations agricoles de l'UE et augmentera les possibilités d'exportation de l'UE dans divers autres secteurs (…) il autoriser à l'UE à augmenter substantiellement ses exportations de viande bovine vers le Japon (…)"
Comme avec tous les accords de ce type, il n'y a rien de très orignal avec le JEFTA puisqu'il permet d'augmenter les exportations de chaque partie. Comme avec le CETA de nombreux secteurs sont ouverts à la concurrence et permettent l'accès aux marchés publics :
"L'accord ouvre également des marchés de services, notamment les services financiers, le commerce électronique, les télécommunications et les transports (…) garantit aux entreprises de l'UE l'accès aux grands marchés publics japonais dans 48 grandes villes et élimine les obstacles à la passation des marchés dans le secteur ferroviaire (…)"
Visiblement, en 2017, la préoccupation au sujet des normes d'environnement, du travail, de la protection des consommateurs, de l'environnement ou même de la lutte contre le changement climatique sont incluses dans le traité. Tout du moins en termes d'intentions :
"L’accord comprend également un chapitre complet sur le commerce et le développement durable; établit les normes les plus élevées en matière de travail, de sécurité, d'environnement et de protection des consommateurs; renforce les actions de l'UE et du Japon en matière de développement durable et de lutte contre le changement climatique et garantit pleinement les services publics."
Un an plus tard, c'est pourtant un traité climaticide et antisocial qui est dénoncé…
#JEFTA traité de libre-échange avec #Japon ratifié hier sans consultation des peuples. Après #CETA appliqué à 90% sans consultation de l'Assemblée, #JEFTA ratifié hier sans vote des Parlements nationaux. Seul un référendum permettra de redonner le pouvoir au peuple pic.twitter.com/6sbISQ2DgR
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) 18 juillet 2018
Sachant que les élus nationaux sont exclus du Comité de coopération réglementaire — seulement entre les mains des hauts fonctionnaires de l'UE, du Japon et des représentants des multinationales — il est difficile de trouver des qualités démocratiques au JEFTA. Sans compter que le principe de "liste négative" ayant été retenu — comme pour le CETA —, tous les services peuvent être libéralisés sauf ceux spécifiés comme ne pouvant pas l'être : la gestion de l'eau, des univeristés, de la santé ne sont pas dans la "liste négative", ils seront donc susceptibles d'attiser les appétits des entreprises. A l'heure du grand débat national pour "redonner du souffle à la démocratie", lancé par le chef de l'Etat français sous la pression du mouvement des Gilets Jaunes, il est étonnant de découvrir que le JEFTA peut totalement modifier la donne dans les secteurs publics et accentuer les problèmes environnementaux sans que personne ne puisse rien y faire. Que ce soit au niveau des citoyens… ou même de leurs représentants.