Jérusalem : que révèle la décision du président américain Donald Trump ?

Donald Trump a annoncé, mercredi 6 décembre, qu'il reconnaissait Jérusalem comme capitale d'Israël. Cette décision repoussée par la Maison Blanche pendant 22 ans a été saluée par le gouvernement israélien mais a soulevé nombre de critiques dans le monde entier. Pourquoi Donald Trump prend-il cette décision maintenant ? Dans quel but et pour quelles conséquences ? Explications de Alain Dieckhoff , directeur du Centre de recherches internationales de Science Po. 
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vue de Jérusalem avec drapeau israélien
Vue sur la vieille ville de Jérusalem le 6 décembre 2017. Le jour où Donald Trump a reconnu la ville comme la capitale d'Israël. 
©AP Photo/Oded Balilty
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La France qualifie cette décision "regrettable". Elle est "injustifiée et irresponsable"  pour ​l'Arabie saoudite quand le Canada appelle "au calme". L'Iran et le Hamas parlent d'"une nouvelle intifada" à venir. Seul le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu considère que "le président Trump est entré à jamais dans l'histoire" de Jérusalem en reconnaissant la ville comme la capitale d'un seul Etat : Israël. 

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Alain Dieckhoff, directeur du CERI et directeur de recherche au CNRS, nous explique les intentions de Donald Trump et les conséquences de sa décision. Entretien. 

TV5MONDE : Pourquoi Donald Trump choisit-il ce 6 décembre 2017 pour faire une telle annonce ? 

Alain Dieckhoff :
C’était un de ses engagements de campagne. S’il voulait prendre cette décision, c'était maintenant ou jamais. Au mois de juin dernier, il avait signé -comme ses prédécesseurs - le décret présidentiel qui empêchait la mise en oeuvre de la loi de 1995 qui  prévoyait le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem (lire notre article). Il l’a fait une fois parce que, j’imagine, qu’il n’était pas tout à fait prêt. Mais, soit cette fois-ci il sautait le pas, soit il faisait comme ses prédécesseurs et continuait à proroger de 6 mois en 6 mois [ce décret, ndlr]. Le faire à la 3e ou 4e année de son mandat aurait été ridicule. 

N'est-ce pas aussi une manière pour Donald Trump d'occuper l'attention médiatique quand les accusations s'accumulent contre son entourage sur l'ingérence russe dans la présidentielle ? 

Je crois qu'il est important pour Trump de montrer qu’il y a du changement dans l’administration et cela en est un signe manifeste. Dans son allocution, il a commencé par dire que d’autres présidents auraient pu faire la même chose mais ils ne l’ont pas fait. Alors lui le fait. C’est un changement de style et de politique. Même si cela ne nous fait pas plaisir à l’étranger, il faut bien comprendre que l’on n’aura pas la même politique que si on avait eu Hillary Clinton. C’est très clair. 

Qu'est-ce que cette décision américaine peut-elle apporter à Israël ? 

Quelque chose d’immatériel mais d’important : la reconnaissance internationale que Jérusalem est leur capitale. Pour eux, cela n'a jamais fait de doute. Comme Trump l’a dit justement, presque toutes leurs institutions politiques sont à Jérusalem, certaines depuis 1949-1950. De ce point de vue-là, ce n’est pas neuf. Ce qui est nouveau, c’est qu’un Etat de l’extérieur, et surtout les Etats-Unis reconnaissent ça. Les Etats-Unis sont quand même, quoi qu’on en dise, une super puissance et, évidemment, ça change beaucoup de choses.

La symbolique est forte. Mais il faut bien comprendre que ça ne changera rien sur les faits. Pour les Israéliens, c’est quand même très important politiquement.

Quelle incidence cette décision peut-elle avoir pour la politique des Etats-Unis au Proche-Orient et dans leurs rapports avec les pays arabes ? 

J’ai des doutes que cela gêne sur le plus long terme tout simplement parce que les trois Etats les plus proches d’Israël auxquels je pense ont besoin des Etats-Unis. C’est aussi simple que cela. 

L’Egypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite ont besoin stratégiquement des Etats-Unis. Bien évidemment, ils vont froncer des sourcils mais je les vois assez mal rentrer dans une stratégie de tension avec les Etat-Unis parce que, tout simplement, ils n’en ont pas les moyens. 

Le point de vue de Majed Bamya, diplomate palestinien. 

=> "C'est la question du respect du droit du peuple palestinien."​

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