Jérusalem : quels sont les enjeux autour de l'esplanade des Mosquées ?

L'esplanade des Mosquées, Mont du Temple pour les juifs et le théâtre, depuis vendredi 7 mai, de nombreux accrochages entre policiers israéliens et Palestiniens. Ces violences ont fait plusieurs centaines de blessés. C'est un lieu ultra-sensible situé dans la Vieille ville de Jérusalem. 
Il s'agit du troisième lieu saint de l'islam et aussi et surtout le site le plus sacré du judaïsme. L'esplanade est une poudrière où le moindre incident peut dégénérer.

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jerusalem mosquee al aqsa mai 2021
Des Palestiniens fuient les gaz lacrymogènes lors d'affrontements avec les forces de sécurité israéliennes dans l'enceinte de la mosquée Al Aqsa dans la vieille ville de Jérusalem lundi 10 mai 2021.
©AP Photo/Mahmoud Illean
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L'esplanade s'étend sur 14 hectares en surplomb de la Vieille ville de Jérusalem. Elle est située dans le secteur oriental, palestinien, occupé et annexé par Israël depuis 1967 et dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'État auquel ils aspirent.

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Bâtie au VIIe siècle sur les ruines du Temple juif

 

Appelé par les musulmans Al-Haram al-Charif (Noble sanctuaire), le site abrite le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa (la Lointaine) car c'est le sanctuaire le plus lointain où, selon la tradition musulmane, le prophète Mahomet s'est rendu. Le Dôme du Rocher se dresse sur le rocher d'où le prophète serait monté aux cieux sur sa jument ailée.

L'esplanade est le troisième lieu saint de l'islam après la Grande Mosquée de La Mecque et la mosquée du Prophète de Médine, en Arabie saoudite.

Sa construction a débuté au VIIe siècle, après la prise de Jérusalem par le calife Omar. Elle est bâtie sur le site du Temple juif. Le Temple a été détruit par les Romains en l'an 70 lors de la destruction de Jerusalem. L'unique vestige du Temple est aujourd'hui le mur des Lamentations, situé en contrebas.

Appelée par les juifs Har HaBayit (Mont du Temple), l'esplanade est le site le plus sacré du judaïsme. Mais la plupart des fidèles ne s'y rendent pas car le rabbinat leur en interdit l'accès, de crainte qu'ils foulent aux pieds le Saint des Saints et le désacralisent.

Des règles et des affrontements

Israël assure ne pas vouloir modifier le statu quo hérité du conflit de 1967. Les règles tacites de ce statu quo autorisent les musulmans à monter à toute heure du jour et de la nuit sur l'esplanade et les juifs à y pénétrer à certaines heures mais sans y prier.

Mais des ultranationalistes juifs provoquent régulièrement des incidents en entreprenant de prier subrepticement sur l'esplanade après y être montés en simples visiteurs.

Cela crée fréquemment des tensions avec les fidèles musulmans qui craignent qu'Israël ne tente de modifier les règles qui régissent l'accès à l'esplanade des Mosquées, administrée par la Jordanie en coordination avec les autorités palestiniennes.

La police israélienne contrôle les visiteurs non-musulmans se rendant sur l'esplanade des Mosquées via la porte des Maghrébins.

Un lieu de tensions régulières

 

En 1996, une décision israélienne d'ouvrir une nouvelle entrée à l'ouest de l'esplanade a provoqué des heurts qui ont fait plus de 80 morts en trois jours.

Le 28 septembre 2000, la visite sur l'esplanade d'Ariel Sharon, alors leader de l'opposition de droite israélienne, avait été perçue comme une provocation par les Palestiniens. Le lendemain, des heurts sanglants avaient opposé Palestiniens et policiers israéliens qui avaient tué sept manifestants par balles, marquant le début de la deuxième Intifada.

En juillet 2017, deux Palestiniens avaient trouvé la mort dans des affrontements avec les forces de l'ordre israéliennes près de Jérusalem, après une semaine de violences provoquées par l'imposition de nouvelles mesures de sécurité à l'entrée de l'esplanade.

En août 2019, des affrontements entre policiers israéliens et fidèles sur l'esplanade des Mosquées avaient fait des dizaines de blessés palestiniens lors d'importantes commémorations juive et musulmane.