Jordanie : abandon de la réforme contestée, la rue remporte la seconde manche

L e nouveau Premier ministre jordanien Omar al-Razzaz a annoncé jeudi la décision de retirer un projet de loi controversé sur l'impôt sur le revenu après une semaine de manifestations contre ce texte.
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Amm
Manifestation à Amman devant les bureaux du Premier ministre dans la nuit du 6 au 7 juin.
(AP Photo/Raad al-Adayleh)
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Soumises à la pression de la rue, les autorités jordaniennes ont décidé jeudi de retirer un projet de loi controversé sur l'impôt sur le revenu, principale revendication des manifestants depuis une semaine.

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"Après des discussions avec le Parlement et le Sénat (...), un accord a été trouvé pour retirer le projet de loi fiscale", a affirmé à la presse le Premier ministre Omar al-Razzaz.

Nommé lundi à son poste après la démission de son prédécesseur, il s'était engagé "à dialoguer avec les différentes parties" afin de "parvenir à un système fiscal juste pour tout le monde".

Selon M. Razzaz, le retrait et les discussions sur une nouvelle mouture du projet auront lieu une fois le nouveau gouvernement formé. Il n'a pas dit quand cela devait intervenir.

Ce projet de loi : la goutte qui a fait déborder le verreUn protestataire, avocat

La Jordanie, largement dépendante des aides étrangères et dépourvue de ressources naturelles, s'est engagée auprès du Fonds monétaire international (FMI) à mener des réformes structurelles et à réduire ses déficits en échange d'un prêt de plusieurs centaines de millions d'euros.

Le texte décrié prévoyait une augmentation entre 5% et 25% des impôts pour les particuliers et imposait les personnes ayant un salaire annuel supérieur à 8.000 dinars (environ 9.700 euros).

Avec un taux de chômage de 18,5%, 20% des habitants vivant à la limite du seuil de pauvreté et des hausses de prix répétés, ce projet de loi "a été la goutte qui a fait débordé le verre", a affirmé à l'AFP Fayez Mohammed, un avocat d'une quarantaine d'année qui avait observé un sit-in mercredi avec ses collègues devant le siège des syndicats à Amman.

- "Calmer le jeu" -

Le roi Abdallah II
Le roi Abdallah II

La démission lundi du Premier ministre Hani Mulqi et l'appel du roi Abdallah II à une "révision complète" du projet de loi sur l'impôt sur le revenu n'avaient pas suffi à dissiper les craintes et griefs de nombreux Jordaniens.

Le retrait du projet : un message au peuple jordanien pour qu'il mette fin aux manifestationsLe président du Sénat Fayçal al-Fayez

Leur principale revendication restait le retrait pur et simple du texte au Parlement.

L'annonce du Premier ministre est "un message au peuple jordanien pour qu'il mette fin aux manifestations", a affirmé lors d'une conférence de presse le président du Sénat Fayçal al-Fayez, appelant "tout le monde à calmer le jeu".

"Nous voulons renvoyer (...) le projet de loi sur l'impôt" au gouvernement, avait écrit sur Twitter dans la nuit le président du Parlement Atef al-Tarawneh, au moment où plus de 2.000 manifestants à Amman criaient leur colère pour la septième nuit consécutive.

Quelques échauffourées ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l'ordre, mobilisées en grand nombre, et un policier a été blessé, selon l'agence de presse officielle Petra.

Les prix ne cessent d'augmenter sur tous les produits dont un jordanien a besoin: la nourriture, les voitures, le logement ...Un manifestant

Souhaib Rabaibai, 28 ans et employé dans le domaine du développement pour une entreprise privée, était venu spécialement de Ajloun (nord) pour manifester.

"Les prix ne cessent d'augmenter sur tous les produits dont un jordanien a besoin: la nourriture, les voitures, le logement et les télécommunications... On ne travaille plus pour nous, mais pour payer l'Etat", lance-t-il à un correspondant de l'AFP.

Depuis janvier, le royaume a vécu plusieurs hausses de prix de produits de base, dont le pain (+100%) en raison d'un relèvement des taxes. Le prix du carburant a aussi augmenté à cinq reprises cette année alors que les factures d'électricité ont connu une hausse de 55% depuis février.

Certaines de ces hausses sont dues à la fin des subventions publiques dans le cadre des réformes demandées par le FMI.

L'accueil de centaines de milliers de Syriens ayant fui la guerre pèse également lourdement sur les finances publiques et Amman appelle régulièrement la communauté internationale à une aide plus substantielle pour ce dossier.