Journée de l’Europe : la célébration d’un continent tourmenté

Le 9 mai marque la Journée de l’Europe commémorant la déclaration du 9 mai 1950 de Robert Schuman, alors ministre des Affaires étrangères français, annonçant le projet de création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). Elle est considérée comme l’acte premier de la construction européenne. 72 ans après, l’Europe fait face à bien des défis.

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Un manifestant tient un panneau "l'Ukraine c'est l'Europe"
Un manifestant tient un panneau "l'Ukraine c'est l'Europe" lors d'une manifestation contre la guerre en Ukraine le 27 mars 2022 à Paris.
AP/Lewis Joly
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« L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre. » Ainsi s’exprimait Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères français, au travers d’une longue déclaration considérée comme le premier texte fondateur de la construction européenne en ce 9 mai 1950.

Après trois guerres qui ont déchiré l’Europe en moins d’un siècle, l’espoir était alors à la paix. La guerre de Yougoslavie fera cependant réapparaître le spectre de la guerre et des massacres aux portes de l’Europe, 40 ans après. Tout comme l’invasion russe en Ukraine fait replonger le continent dans un contexte belligérant depuis plus de deux mois.

Soutien militaire et dissuasion nucléaire


Le 24 février 2021, les sirènes retentissent sur la place Maïdan de Kiev. Les troupes russes effectuent les premières percées en Ukraine. Plusieurs villes subissent des bombardements et des dizaines de morts sont à déplorer côte ukrainien. 

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L’Europe ne tarde pas à réagir aux attaques visant un pays ami et applique les premières sanctions contre Moscou. Vladimir Poutine est désormais interdit d'entrer sur les territoires européen et américain. Les sanctions se durcissent encore par la suite et l’Europe annonce des livraisons d'armes à Kiev. Pour la première fois de son histoire, l'Union européenne finance l'achat et la livraison d’armements à hauteur de 450 millions d’euros à l’Ukraine.

L’Allemagne rompt aussi sa politique d'interdiction de toute exportation d'armes létales en zone de conflit en acceptant de livrer des armes à l’Ukraine. Emmanuel Macron parle lui d’ "atteinte la plus grave à la paix, à la stabilité dans notre Europe".

Si les chefs d’État notamment français et allemand n’ont pas souhaité jusqu’ici rompre le dialogue avec le chef du Kremlin, ce dernier n'a pas hésité depuis le début du conflit à user de la menace de la dissuasion nucléaire, créant un véritable haro mondial.

Dépendance énergétique


Le conflit ne se limite pas aux tensions diplomatiques. La stabilité énergétique s’est vite retrouvée bouleversée par le conflit ukraino-russe. La dépense énergétique de l’Europe envers la Russie se chiffre à près de 56 milliards depuis le début du conflit selon CREA, le centre de recherche de l’énergie. Le gaz représente presque 32 millions d’euros, quant au pétrole, son approvisionnement a coûté 23,7 millions d’euros.

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Après que le Kremlin ait imposé de payer le gaz en rouble, les pays ont dû trouver d’autres alternatives afin de réduire leur dépendance. "Nous devons nous préparer à une suspension des approvisionnements", a alors averti la Commissaire européenne. 

L'Europe cherche donc son gaz plus loin, avec le gaz naturel liquéfié (GNL) transportable par navires, venant des États-Unis, du Qatar ou encore d’Afrique. La Pologne et les pays baltes ont aussi inauguré jeudi 5 mai un nouveau gazoduc destiné à intégrer des marchés gaziers dans cette région du nord-est de l'Union européenne.

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Concernant l’or noir, l’Union européenne souhaite même aller plus loin et appliquer un embargo. Actuellement en discussion à Bruxelles, la proposition soumise aux Vingt-Sept prévoit un arrêt des importations de pétrole brut russe dans les six mois et des produits raffinés d'ici à fin 2022.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, dont le pays dépend fortement de la Russie pour son approvisionnement énergétique, s’est cependant opposé à cette proposition, dénonçant qu’elle portait "atteinte" à l'unité de l'Union européenne.

Montée du sentiment anti-européen


Ce n’est toutefois pas la première fois que Viktor Orban établit un rapport de force au sein des institutions européennes. Le chef du parti populiste hongrois le Fidesz ne cache plus ses positions anti-européennes et ses atteintes à l’État de droit, valeurs fondamentales de l’Union européenne. Entre demande de retour du débat sur l'abolition de la peine de mort, refus de l'accueil de réfugiés et loi anti-LGBT, le Parlement européen a décidé d’activer l’article 7, invoqué en cas de violation des valeurs fondatrices de l’UE.

Un an plus tard, la droite européenne a sanctionné a minima Viktor Orban en suspendant le Fidesz de ses droits de vote. En 2021, c’est son parti lui-même qui claquera la porte du groupe parlementaire européen du PPE (Parti populaire européen). 

Le respect de l’État de droit européen présente aussi des obstacles en Pologne. Les plus hautes instances judiciaires sont accusées de défier la primauté du droit polonais sur le droit européen, ce qui est contraire à l'État de droit. Par ailleurs, le rétablissement de la quasi-interdiction d’avorter par le Tribunal constitutionnel polonais, inquiète fortement jusqu’au Parlement européen.

Voir aussi : Pologne : l'avortement désormais pratiquement interdit

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L’Europe compte tout de même bien faire respecter ses valeurs à l’avenir. En février, un mécanisme liant le versement de fonds européens au respect de l'Etat de droit a été validé par la justice européenne. Il s’agit d’une première dans l’UE. La procédure a été déclenchée par Bruxelles le 27 avril contre la Hongrie. Elle pourrait aboutir à une suspension ou une réduction de certains fonds européens, en raison d'inquiétudes liées notamment à la passation des marchés publics.