Fil d'Ariane
Changement climatique, sécheresse, montée des eaux, augmentation des tensions dans le monde,... Les mouvements migratoires risquent de s'intensifier les prochaines années. Retour sur l'état des flux migratoires dans le monde à l'occasion de la 21e Journée internationale des migrants.
Des migrants portent leurs affaires alors qu'ils arrivent de l'île de Lesbos au port du Pirée, près d'Athènes, lundi 7 octobre 2019.
Il y a 70 ans, c'est pour les Européens, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, qu'a été créée l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Elle vise depuis à assurer la gestion humaine et ordonnée des flux migratoires et recense notamment des chiffres sur ces derniers.
En collaboration avec l’Organisation des Nations Unies (ONU), elle coordonne ce samedi 18 décembre la 21e Journée internationale des migrants qui vise "à mettre à profit le potentiel de la mobilité humaine." C'est donc l'occasion de revenir sur l'état actuel des flux migratoires dans le monde, avec un focus sur l’Europe et l’Afrique.
Avant tout chose, il est important de rappeler que la majorité des personnes qui migrent le font à l’intérieur de leur propre pays. Cet article se concentre sur les migrants qui ont quitté leur pays d’origine.
Selon le Centre d’analyse des données migratoires mondiales de l’OIM, environ 280 millions de personnes étaient des migrants internationaux en 2020, soit 3,6 % de la population mondiale.
Les flux migratoires correspondent au nombre de migrants entrant dans un pays ou le quittant au cours d’une période donnée, généralement une année civile.
On peut distinguer différents types de flux migratoires, notamment la migration de main d’œuvre, le regroupement familial et la migration humanitaire.
Sauf que les données annuelles et comparables sur les flux migratoires se limitent essentiellement aux pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Face à l'absence de données, les chercheurs réalisent des estimations.
Certes, il n’y a jamais eu autant de personnes vivant dans un autre pays que celui dans lequel elles sont nées.
Toutefois, la proportion de migrants au sein de la population mondiale n’est que légèrement plus grande qu’il y a 25 ans. Elle passe de 2,8 % en 1995 à 3,6 % aujourd’hui.
Parmi eux, 33,8 millions sont des réfugiés en 2020. Ce chiffre a quasiment doublé depuis 2010 (16,8 millions). Le nombre de demandeurs d’asile a lui aussi quadruplé en 10 ans, passant de 836 000 à plus de 4 millions en 2020.
Selon l’Organisation Internationale pour les migrations (OMI), un migrant s’entend de toute personne qui quitte son lieu de résidence habituelle, à l’extérieur ou à l’intérieur de son pays d’origine, peu importe son statut juridique, le caractère volontaire ou non de son déplacement, les causes du départ ou la durée du séjour.
Selon l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), un réfugié a fui son pays d’origine « du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques. » En conséquence, son statut exige une « protection internationale. »
Un demandeur d’asile est une personne qui sollicite une protection internationale hors des frontières de son pays, mais qui n’a pas encore été reconnue comme réfugiée, selon l’ONG internationale de défense des droits humains Amnesty International.
Toute la planète est concernée par les flux migratoires. En 2019, environ 31 % de l’ensemble des migrants internationaux résident en Asie, 30 % en Europe, 26 % sur les continents américains, 10 % en Afrique et 3 % en Océanie, selon le portail des données migratoires mondiales.
En 2020, les migrants internationaux vivent principalement aux États-Unis d’Amérique (50,6 millions), en Allemagne (15,8 millions), en Arabie Saoudite (13,6 millions), en Russie (11,6 millions) et au Royaume-Uni (9,4 millions).
Le Centre d’analyse des données migratoires mondiales analyse ces données à l’échelle du continent européen. Il inclut ainsi la Russie à l’Europe, mais pas la Turquie ou la Géorgie.
L’Europe suit les tendances mondiales. Elle dénombre une augmentation de 3,8% de migrants internationaux sur son territoire entre 2000 et 2019.
En 2020, les migrants internationaux se sont dirigés en priorité vers l’Allemagne (15,8 millions), la Russie (11,6 millions), le Royaume-Uni (9,4 millions), la France (8,5 millions) et l’Espagne (6,9 millions).
La France a accueilli un peu plus de 500,000 réfugiés en 2020. C’est plus que le Royaume-Uni (200,000) mais beaucoup moins que son voisin allemand (1,5 millions).
En effet, depuis 2015 et ce que l’on appelle la « crise des réfugiés et des migrants », l’Europe aussi doit gérer un nombre croissant de demandeurs d’asile. Cette année, ce sont près de 300 000 personnes qui ont demandé l’asile en Allemagne et 100 000 en France.
Chaque année, des milliers de migrants dans la région européenne retournent également dans leurs pays d’origine, de manière forcée ou volontaire.
Les migrants internationaux dans des pays africains représente 1,9% de la population totale africaine.
L'Afrique du Sud (2,9 millions), la Côte d'Ivoire (2,6 millions) et l'Ouganda (1,7 millions) sont les principales terres d'accueil. Malgré tout, l'Afrique du Sud est particulièrement critiquée pour sa politique envers les migrants.
À (re)voir : Coronavirus en Afrique du Sud : les étrangers laissés pour compte
Les Africains sont en revanche plus nombreux à émigrer en 2020, soit près de 40,6 millions. Ils fuient surtout l'Égypte, le Maroc, le Soudan du Sud, le Soudan et la Somalie pour des raisons principalement politiques.
Ils sont 3 200 Maliens et 3 100 Guinéens à avoir fait le choix d'un retour volontaire assistés par l'OIM en 2020. Toutefois, les chiffres des retour volontaires à l'échelle de l'Afrique sont en baisse. Le nombre de retours volontaires assistés par OMI vers les pays d’origine est passé de 92 700 en 2016 à 42 200 aujourd’hui.
Cependant, beaucoup des migrations ne s’effectuent pas du Sud vers le Nord. Une grande majorité d'entre elles ont lieu d’un pays en développement vers un pays développé. L'occasion pour cette Journée internationale des migrants de revoir ses préjugés sur la question.