
Fil d'Ariane
Depuis plusieurs semaines, Kigali et Washington sont engagés dans des discussions "initiales" autour d’un possible accord migratoire. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a confirmé publiquement ces pourparlers, sans toutefois en révéler les détails.
Le secrétaire d’État Marco Rubio avec le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, le 25 avril 2025 à Washington.
En engageant des discussions avec l’administration Trump, Kigali se positionne comme un partenaire potentiel pour un dossier central pour Washington : l’expulsion massive de migrants en situation irrégulière.
Si les contours de l’accord restent flous, des sources évoquent un accueil socialement encadré, incluant des aides financières et un accompagnement vers l’emploi pour les migrants transférés. En mars dernier, une première expulsion "test" aurait déjà eu lieu, concernant un réfugié irakien, Omar Abdulsattar Ameen, accusé d'être affilié à l'État islamique,
Olivier Nduhungirehe rappelle que ce type de partenariat n’est pas une nouveauté pour Kigali. En 2024, un accord avec le Royaume-Uni avait été conclu, prévoyant le transfert de migrants clandestins contre une compensation financière de 370 millions de livres sterling. Cependant, la Cour suprême britannique avait annulé l’accord, estimant qu’il exposait les migrants à un risque réel de mauvais traitements.
"Nous ne sommes impliqués ni dans l'achat ni dans la vente de personnes, ni avec le Royaume-Uni ni avec qui que ce soit. C'est simplement un problème qui doit être résolu et le Rwanda est prêt à apporter son aide"
Le président rwandais, Paul Kagame, avait rejeté les accusations, affirmant que le Rwanda ne participait pas au "commerce de personnes", mais répondait à une problématique humanitaire. "Nous ne sommes impliqués ni dans l'achat ni dans la vente de personnes, ni avec le Royaume-Uni ni avec qui que ce soit. C'est simplement un problème qui doit être résolu et le Rwanda est prêt à apporter son aide", déclarait Paul Kagame en 2022 à la télévision rwandaise.
Un potentiel accord migratoire entre les États-Unis et le Rwanda s’inscrit dans l’une des promesses phares de la campagne de Donald Trump : l’expulsion massive des migrants illégaux. Depuis son arrivée au pouvoir, l’ancien président a multiplié les opérations de renvoi de personnes accusées d’appartenir à des gangs ou d’avoir commis des crimes. En mars, 250 migrants accusés d'être liés à des gangs ont ainsi été expulsés vers le Salvador.
Cependant, cette politique rencontre des résistances juridiques : récemment, le juge fédéral Brian Murphy a suspendu les expulsions de ressortissants laotiens, philippins et vietnamiens vers la Libye, estimant que ces migrants risquaient des violations graves des droits humains.