L'armée serbe a été placée en état d'alerte renforcée, au soir du lundi 26 décembre. Une décision prise après les récentes tensions au Kosovo voisin où ont eu lieu des échanges de tirs et des explosions et où des barrages routiers ont été érigés.
"
Le président de Serbie (...) a ordonné à l'armée serbe d'être au plus haut niveau de préparation au combat, c'est-à-dire au niveau de l'utilisation de la force armée", a déclaré le ministre serbe de la Défense, Milos Vucevic, dans un communiqué.
Le général Milan Mojsilovic, chef des armées serbes, a annoncé avoir été dépêché par le président de Serbie, Aleksandar Vucic, à la frontière avec le Kosovo. Sur la route vers Raska, à dix kilomètres de la frontière avec le Kosovo, le chef d'état-major a indiqué à la télévision
Pink que "
la situation là-bas est compliquée."
Il a ajouté qu'elle requérait "
la présence de l'armée serbe le long de la ligne administrative". Ce terme est utilisé par les autorités serbes pour désigner la frontière avec le Kosovo.
De son côté, le ministère serbe de l'Intérieur a précisé que "
toutes les unités" passeront "
immédiatement sous le commandement du chef d'état-major général". Enfin, le ministre de la Défense a précisé que le chef de l'Etat a ordonné de renforcer la présence militaire serbe de 1.500 soldats actuellement à 5.000.
Barrages et échanges de tirs
La Serbie ne reconnaît pas l'indépendance, proclamée en 2008, de son ancienne province méridionale. Celle-ci est peuplée très majoritairement d'Albanais.
Elle encourage les 120.000 Serbes résidant au Kosovo à défier les autorités locales. Ce alors que Pristina entend asseoir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire.
Depuis le 10 décembre, plusieurs centaines d’entre eux ont érigé, dans le nord du Kosovo, des barrages pour protester contre l'arrestation d'un ancien policier serbe. Ces barricades paralysent la circulation vers deux postes frontaliers avec la Serbie.
Peu avant le départ du général Mojsilovic vers la zone frontalière, plusieurs médias serbes ont diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle des coups de feu sont tirés. La presse locale affirme qu'il s'agit de "
combats" survenus en début de soirée lorsque les forces kosovares ont essayé de démanteler une barricade.
Cette information a aussitôt été démentie par la police kosovare. Elle assure, sur sa page Facebook, que ses membres n'ont pris part à aucun échange de tirs.
« Au bord du conflit armé »
Les médias à Pristina ont, en revanche, fait savoir qu'une patrouille de la Force de l'Organisation de l’Atlantique nord (OTAN) de maintien de la paix au Kosovo (Kfor) se trouvait dans la zone de tirs. Le ministre kosovar de l'Intérieur, Xhelal Svecla, a affirmé qu’elle a été ciblée par une attaque.
De son côté, la Kfor a annoncé, dans un communiqué, mener une enquête sur des tirs "
le 25 décembre, à proximité d'une patrouille de la mission de l'OTAN au Kosovo
. Il n'y pas a eu de blessés ou de dégâts matériels."
Début novembre, des centaines de policiers serbes intégrés à la police kosovare, ainsi que des juges, procureurs et autres fonctionnaires ont quitté leur poste en masse. Un geste en guise de protestation contre une décision, désormais suspendue, du gouvernement de Pristina, d'interdire aux Serbes qui vivent au Kosovo d'utiliser des plaques d'immatriculation délivrées par la Serbie.
La semaine dernière, la Première ministre serbe, Ana Brnabic, a signalé que les deux pays étaient "
au bord du conflit armé."
(Re)voir : Kosovo : la menace d'un conflit avec la Serbie est-elle sérieuse ?