"C’est le côté humain qui nous dit d’agir pour affirmer que nous nous soutenons et que nous devons tous être solidaires les uns les autres, si nous voulons être efficaces." Murat Polat est chargé des relations extérieures au Conseil démocratique kurde de France. "Nous", ce sont les 200 000 Kurdes qui habitent en France. Depuis le début du siège de Kobané, troisième ville kurde de Syrie, des associations kurdes multiplient les rassemblements, manifestations et les appels aux dons, en soutien à tous ceux qui sont "là-bas", sur le terrain, face aux djihadistes du groupe "Etat islamique".
Pour Murat Polat, cette solidarité dépend de plusieurs causes : "Pendant très longtemps, la politique internationale a cherché à diviser les Kurdes. Nous avions du mal à nous coordonner et nous avons parfois été ennemis entre nous. Mais aujourd’hui, notamment et surtout grâce à l’Organisation de libération kurde, de quel parti ou pays que nous soyons, nous sommes tous liés les uns aux autres. C’est pourquoi, aujourd’hui, quelque chose qui se passe à Kobané me concerne, et concerne aussi un Kurde d’Allemagne ou du Canada. Enfin, la frontière entre la Syrie et la Turquie est artificielle. Certaines familles se trouvent de part et d’autre de cette frontière."
En France, 80% des Kurdes sont des réfugiés. C'est, après l'Allemagne, le pays d'Europe où ils sont le plus nombreux. Alors, compare Ludovic, un manifestant de 24 ans interrogé par l'AFP, "c’est comme si vous demandiez à un juif s’il est sensible à la Shoah..."