Fil d'Ariane
Varsovie envisage l'introduction d'une peine allant jusqu'à cinq ans de prison pour l'utilisation de l'expression "camps polonais" à propos de camps nazis en Pologne, a indiqué lundi un vice-ministre de la Justice, Patryk Jaki.
"Stop à l'attribution à la Pologne du rôle de l'auteur de l'Holocauste", a martelé devant la presse Patryk Jaki, en précisant que son ministère voulait aussi faire inscrire dans la Constitution "la protection légale du bon renom de la République de Pologne et de la nation polonaise". Utilisée parfois par des médias et des hommes politiques étrangers à propos des camps de concentration et de la mort installés par l'Allemagne nazie en Pologne occupée, l'expression "camps polonais" irrite fortement Varsovie, et ses autorités demandent systématiquement qu'elle soit rectifiée.
En mai 2012, le président Barack Obama avait évoqué les "camps polonais de la mort" au lieu d'un camp d'extermination nazi lors d'un hommage à Jan Karski, un ancien officier polonais ayant fourni les premiers témoignages sur la politique d'extermination des Juifs par les nazis. La confusion avait profondément choqué Varsovie. "Parler de 'camps polonais', c'est comme s'il n'y avait pas de nazis, pas de responsabilité allemande, comme s'il n'y avait pas de Hitler", avait martelé le Premier ministre polonais. Obama, dans son hommage avait dit : "Avant un voyage au travers des lignes ennemies, des résistants lui avaient raconté que les Juifs avaient été tués en masse, ils l'ont introduit en cachette dans le ghetto de Varsovie et dans un camp polonais de la mort pour qu'il voit lui-même ce qu'il en était"
Selon le projet du ministère de la Justice, dirigé par Zbigniew Ziobro, un proche du chef du parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS) Jaroslaw Kaczynski, la peine de cinq de prison ferme serait encourue pour "une attribution publique, au mépris des faits, à la République de Pologne ou à la nation polonaise du fait d'avoir été coresponsable" des crimes du IIIe Reich, a précisé Patryk Jaki. La Pologne se propose aussi de pouvoir réclamer devant la justice, par des ONG interposées se constituant partie civile, "d'importantes sommes en dommages et intérêts".
En mars 2015, un tribunal de Varsovie avait prononcé un non-lieu dans un procès intenté par un Polonais au journal allemand Die Welt pour avoir écrit "camp de concentration polonais" à propos d'un camp nazi en Pologne.