Toutes les transactions pourraient passer à terme par un système informatique décentralisé et chiffré, nommé blockchain, célèbre pour la monnaie électronique bitcoin. Stéphane Loignon, journaliste au Parisien, a publié le 20 avril 2017 un ouvrage sur ce sujet : "Big bang blockchain, la Seconde Révolution d’Internet". Interview de l'auteur et éclairages sur ce système cryptographique qui pourrait bien révolutionner tous nos usages.
Bitcoin et blockchain
Le Bitcoin (BTC) est la première et la plus célèbre des monnaies dématérialisées. Elle est devenue en quelques années — depuis 2009, année de son apparition — la référence mondiale de ce que l'on nomme les "monnaies cryptographiques". Le Bitcoin est une monnaie virtuelle, sécurisée par un protocole de cryptographie qui n'existe donc que sur Internet, mais qui s'échange sur toute la planète et est acceptée par de nombreux commerces en ligne. Cette crypto-monnaie peut même être convertie dans les principales monnaies officielles (dollar, euro, yen, yuan, etc).
Le Bitcoin utilise un système de paiement décentralisé, basé sur le principe du P2P (protocoles peer-to-peer, systèmes d'échanges numériques de pair à pair) qui est le plus important au monde, avec une capitalisation proche de 10 milliards d'euros en 2016. La monnaie Bitcoin s'appuie sur un procédé informatique appelé "blockchain" (chaîne de blocs) qui permet de créer un système chiffré de confiance de pair à pair. C'est cette sécurité par consensus, alliée à la transparence et la décentralisation de l'ensemble qui a fait le succès du Bitcoin : chaque possesseur d'un portefeuille Bitcoin est sa propre banque, et chacun peut effectuer des transactions "protégées" sans organe centralisateur.
Bruno Spiquel, un spécialiste réseaux en cours de création d'une blockchain nous expliquait l'année dernière les avantages de ce procédé infalsifiable : "Chaque transaction étant publiquement accessible et vérifiable, on peut se passer de l'intermédiaire bancaire, dont le rôle principal n'est au fond que celui de la vérification de validité. L'algorithme sous-jacent est prévu pour rendre infalsifiable cette liste de transaction en l'organisant en une chaîne de blocs se faisant successivement référence et rendant la falsification de moins en moins possible à mesure que le temps passe et que de nouveaux blocs s'empilent".
Blockchain : multiplicité des applications
Les applications tirées de la blockchain ne permettent pas seulement d'effectuer des transactions bancaires décentralisées, elles peuvent aussi permettre de transférer des actifs, comme des titres, ou effectuer des votes, échanger des actions, des obligations. Il est aussi possible d'utiliser une application blockchain pour effectuer de la traçabilité de produits et même exécuter des contrats… sans intervention humaine.
C'est sur cet aspect décentralisé, sans intermédiaire que l'auteur de "Big bang blockchain" insiste : "OpenBazaar, un marché en ligne entièrement pair à pair, c'est un réseau de gens qui, partout dans le monde, commercent directement entre eux en bitcoins, en utilisant un programme open source qu’ils peuvent installer gratuitement sur leurs ordinateurs”, explique le fondateur. “Aucune autorité centrale ne contrôle le réseau ni ne prend de pourcentage sur les ventes. OpenBazaar n’a ni commission ni capacité d’interdire une vente. Ce système permet le libre-échange sur Internet.”
Ces nouveaux outils, aux vastes possibilités, pourraient donc à terme offrir des alternatives au fonctionnement financier, social économique et même énergétique actuel, selon les promoteurs de la blockchain, qui pensent qu'un monde plus équitable pourrait en émerger, en développant entre autres, une blockchain publique.
Le principe de blockchain appliquée à l'énergie a débuté en projet pilote dans le Rhône. Extrait de l'ouvrage de Stéphane Loignon : "(…) Le promoteur Bouygues Immobilier et la start-up Stratumn annonçaient (en décembre 2016) leur projet commun de mini-smart grid décentralisé sur une blockchain privée. Situé dans le quartier de La Confluence, à Lyon, il permettra aux habitants d’échanger l’énergie solaire qu’ils auront produite et voudront consommer, en pair à pair. Ce prototype se veut un“démonstrateur d’un réseau local décentralisé de supervision des échanges d’énergie”, selon Bouygues Immobilier."