La Chine porte à 125% ses droits de douane supplémentaires et appelle l'Union européenne à "résister ensemble" à la "coercition"

Ce vendredi 11 avril 2025, la Chine a annoncé porter à 125% ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains. Le président chinois Xi Jinping a également appelé l'Union européenne à "résister ensemble" face à la guerre commerciale de Donald Trump. De son côté, le Premier ministre espagnol évoque "le potentiel de croissance des relations" sino-européennes, lors d'une rencontre à Pékin. 

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La Chine a annoncé, ce vendredi 11 avril 2025, porter ses droits de douane supplémentaires sur les produits américains à 125%. Le président chinois Xi Jinping a appelé l'Union européenne à "résister ensemble" face à la guerre commerciale de Donald Trump.

AP Photo / Andres Martinez Casares
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"La Chine et l'UE doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l'environnement commercial international, et résister ensemble à toute coercition unilatérale", a lancé Xi Jinping à Pékin lors d'une rencontre avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

À l'issue de cette rencontre, le président espagnol a de son côté souligné que "l'Espagne et l'Europe ont un déficit commercial important avec la Chine que nous devons nous efforcer de rectifier". Mais "nous ne devons pas laisser les tensions commerciales entraver le potentiel de croissance des relations (...) entre la Chine et l'UE", a souligné Pedro Sanchez.

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Après son revirement spectaculaire, mercredi 9 avril, l'imprévisible président des États-Unis a une nouvelle fois défendu le lendemain à Washington son offensive sur les droits de douane, en assurant qu'elle était une "bonne chose".

Les marchés financiers toujours fébriles

De son côté, le président français Emmanuel Macron a prévenu, dans un message posté sur X, que le rabaissement des droits de douane américains à 10% était "une pause fragile" et qu'"avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts : l'Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires".

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Face à l'incertitude générée par la politique de Donald Trump, les marchés financiers continuaient de tanguer. Après une ouverture en baisse, les places chinoises ont néanmoins basculé dans le vert, à l'image de Shanghai, les investisseurs reprenant leur souffle au terme d'une semaine de montagnes russes.

En Europe aussi, les marchés boursiers évoluaient en petite hausse à l'ouverture ce vendredi. Une hausse de courte durée. Les marchés boursiers européens ont à nouveau basculé dans le rouge, dans la foulée de l'annonce de Pékin de porter ses droits de douane supplémentaire sur les produits américains à 125%. 

"L'imposition par les États-Unis de droits de douane anormalement élevés à la Chine constitue une violation grave des règles du commerce international" et représente une pratique "unilatérale d'intimidation et de coercition", a affirmé la Commission des droits de douane du Conseil des affaires d'État, dans un communiqué publié par le Ministère des finances. Si Washington continue d'augmenter ses droits de douane, "la Chine l'ignorera".

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"Les droits de douane exorbitants" des États-Unis contre la Chine "ne sont plus qu'un jeu de chiffres dénué de sens économique" et "sont devenus une farce", a affirmé le ministère chinois du Commerce. Il a par ailleurs annoncé le lancement d'une procédure auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les nouvelles surtaxes américaines, selon un média d'État.

D'autres pays asiatiques - dépendants de leurs exportations vers les États-Unis - font de leur côté profil bas. À l'instar du Vietnam et du Cambodge, producteurs de textiles et membres de l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean), laquelle a dit qu'elle ne prendrait pas de mesures de rétorsion.

L'UE menace de taxer les géants du numériques

Le cas de la Chine, finalement frappée par une surtaxe monumentale à 145%, effraie aussi les investisseurs. L'UE, de son côté, a suspendu sa riposte, ce que Donald Trump a jugé "très intelligent".

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Mais si les discussions avec les États-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente Ursula von der Leyen. "Il existe un large éventail de contre-mesures", a-t-elle indiqué dans le Financial Times, citant "une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques" et le recours à l'"instrument anticoercition", surnommé "bazooka" et pensé comme un outil de dissuasion. 

Donald Trump s'est montré serein jeudi 10 avril en jugeant que "la transition aura un coût et posera des problèmes" mais qu'en fin de compte, "ça sera une bonne chose". L'impétueux président a encore menacé jeudi soir le Mexique de nouveaux droits de douane.

Son ministre des Finances Scott Bessent a affirmé ne "rien" voir d'"inhabituel aujourd'hui" sur les marchés, alors que des élus démocrates ont estimé que le président républicain les avait peut-être illégalement manipulés en encourageant l'achat d'actions juste avant sa volte-face.