La Chine ratifie un traité d'extradition avec la Turquie, les Ouïghours inquiets

La Chine a annoncé la ratification d'un traité d'extradition avec la Turquie, un texte que Pékin veut notamment utiliser pour accélérer le retour de certains Ouïghours musulmans soupçonnés de "terrorisme" et réfugiés en Turquie.
 
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Le Président turc Recep Tayyip Erdogan recevait le nouvel ambassadeur chinois en Turquie, le 15 décembre 2020.

(Turkish Presidency via AP, Pool)
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Même si le parlement turc n'a pas encore ratifié cet accord bilatéral signé en 2017, l'initiative devrait susciter l'inquiétude au sein de l'importante diaspora ouïghoure (estimée à 50.000 personnes) présente en Turquie.

La Turquie a des liens linguistiques et culturels avec les Ouïghours, des musulmans parlant une langue turcique. Ankara a ainsi longtemps été l'un des principaux défenseurs de leur cause sur la scène internationale, avant d'être plus discret.

La Chine a engagé dans sa région du Xinjiang (nord-ouest) une politique de surveillance maximale des Ouïghours après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils. Pékin accuse la mouvance séparatiste et islamiste ouïghoure. 

Selon des experts étrangers, les autorités chinoises ont interné au moins un million de personnes, notamment ouïghoures, dans des "camps". Pékin parle de "centres de formation professionnelle" destinés à aider la population à trouver un emploi et ainsi l'éloigner de l'extrémisme.

Un rapport et une enquête publiés par le quotidien français Libération, en décembre 2020, dénoncent de tels abus. En effet, au Xinjiang, le gouvernement chinois est accusé d'employer des centaines de milliers de Ouïghours, déplacés de force dans les champs de coton. 
 
  • (Re)voir Chine : les Ouïghours, victimes d'esclavage moderne dans des champs de coton ?
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S'estimant victimes de persécution, des Ouïghours ont fui en Turquie.
"Le comité permanent de l'Assemblée nationale populaire a ratifié "le "traité d'extradition" sino-turc, a indiqué samedi 26 décembre au soir, dans un court communiqué le parlement chinois sur son site internet.

Le texte prévoit toutefois plusieurs motifs de refus. C'est notamment le cas si l'État auquel est soumis la demande d'extradition l'estime liée à un "crime politique", si la personne visée est l'un de ses citoyens, ou encore si cette dernière bénéficie du droit d'asile.

"Ce traité d'extradition va provoquer la panique parmi les Ouïghours ayant fui la Chine et n'ayant pas encore la citoyenneté turque", déclare à l'Agence France-Presse Dilxat Raxit, porte-parole du Congrès mondial ouïghour, organisation d'exilés basée en Allemagne.
"Nous appelons le gouvernement turc (...) à empêcher que ce traité devienne un instrument de persécution", indique-t-il, assurant que Pékin exerce une pression économique sur la Turquie afin qu'elle ratifie le traité.
 La question est délicate pour Ankara, car les Turcs sont globalement sensibles à la cause ouïghoure. Des articles de presse accusant la Turquie de déjà discrètement expulser des Ouïghours vers la Chine ont ainsi provoqué un tollé dans l'opinion.

La Turquie est le seul pays à majorité musulmane à avoir jusqu'ici dénoncé publiquement le traitement des Ouïghours. Le ministre turc des Affaires étrangères l'avait ainsi qualifié début 2019 de "honte pour l'humanité".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait cependant vanté l'an passé en Chine la politique menée au Xinjiang, y jugeant les gens "heureux", selon des propos rapportés par l'agence officielle Chine nouvelle.