Fil d'Ariane
"Art Craft/30 E/Joyeux Noël" mentionnait l'étiquette du paquet expédié par un mystérieux "Robert" , via FedEx, depuis la Belgique jusqu'à un entrepôt climatisé de la banlieue de New York. Identité du destinataire : non divulguée. Valeur déclarée : 37 dollars (30 euros).
Intercepté le 17 décembre dernier par les agents de la douane new-yorkaise, le paquet suspect recelait une toile cubiste tout en camaïeu de gris. Rapidement identifiée par la division HSI de la douane chargée du trafic international d'oeuvres d'art, elle a ensuite été authentifiée par deux expertes françaises Brigitte Leal et Véronique Serano-Steadman, du musée national d’Art Moderne de Paris : "La Coiffeuse", un Picasso estimé à plus de 2 millions d'euros, venait d'être retrouvé après plus de dix ans d'absence.
Le retour d’une oeuvre disparue est, toutes proportions gardées, un véritable réconfort
Directeur du Centre Pompidou
Plus d'un mois plus tard, le directeur du Centre Pompidou, musée d'art moderne de la capitale française, d'où l'oeuvre avait disparu en 2001, annonce la "très bonne nouvelle pour le musée, pour les collections nationales, pour le public qui pourra bientôt jouir à nouveau de cette oeuvre importante."
A l'heure où les atteintes à l'intégrité d'oeuvres d'art heurtent une grande partie de l'humanité, le directeur du musée souligne : "En ce jour où la tragique actualité des destructions et des vols au musée de Mossoul, nous rappelle cruellement que la disparition d’une oeuvre d’art, c'est, comme le déclare le Premier ministre, “une part de l’esprit humain et de l’universel qui s’écroule”, l’annonce du retour d’une oeuvre disparue est, toutes proportions gardées, un véritable réconfort".
Légué aux Musées nationaux en 1966 par leur ancien directeur, George Salles, un ami du peintre cubiste, le tableau fut un temps exposé au Musée d’Art Moderne de Paris.
Vu pour la dernière fois à la Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung à Munich, en 1998, il avait, ensuite, réintégré les réserves du Centre Pompidou, à Paris. Mais en 2001, quand le musée a voulu mettre le tableau à la disposition d'un musée indien pour une exposition temporaire, le personnel constate sa disparition.
En attendant sa restitution à la France - une plainte au civil a été déposée à cette fin - La Coiffeuse, soumise à confiscation, est conservée "dans un espace climatisé" dans le secteur de Brooklyn à New York. Le service d'enquête des douanes américaines se déclare déterminé à restituer à leurs propriétaires toutes les oeuvres volées interceptées sur son territoire : "Le fait que "La Coiffeuse" ait été récupérée envoie un message fort aux voleurs : le marché pour vendre des antiquités volées aux Etats-Unis est en train de se tarir".