
Fil d'Ariane
La Colombie, après le Brésil, a demandé aux États-Unis de traiter les migrants expulsés avec "diginité", dimanche 26 janvier. Le président colombien a également annoncé avoir refoulé des avions militaires américains en transportant.
La migrante colombienne Margelis Tinoco, 48 ans, pleure après l'annulation de son rendez-vous CBP One au pont international Paso del Norte à Ciudad Juarez, au Mexique, à la frontière avec les États-Unis, lundi 20 janvier 2025, jour de l'investiture du président Donald Trump.
À l'instar du Brésil, la Colombie a exigé, dimanche 26 janvier, des États-Unis qu'ils traitent avec "dignité" les migrants expulsés, tout en annonçant avoir refoulé des avions militaires américains en transportant.
"Un migrant n'est pas un criminel et doit être traité avec la dignité qu'un être humain mérite. C'est pourquoi j'ai fait refouler les avions militaires américains qui transportaient des migrants colombiens", a écrit le président colombien de gauche, Gustavo Petro, sur le réseau X.
Il n'a pas précisé combien de vols en provenance des États-Unis devaient atterrir en Colombie, ni combien de migrants expulsés ils transportaient.
Des ouvriers construisent des abris temporaires pour les personnes susceptibles d'être expulsées des États-Unis, à Ciudad Juarez, au Mexique, le vendredi 24 janvier 2025.
"Je ne peux pas faire en sorte que les migrants restent dans un pays qui ne veut pas d'eux, mais si ce pays les renvoie, cela doit être fait avec dignité et respect pour eux et pour notre pays", a encore dit M. Petro.
"Nous accueillerons nos ressortissants dans des avions civils, sans les traiter comme des criminels" a-t-il encore déclaré.
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Une source à la présidence a assuré à l'AFP que les États-Unis n'avaient pas utilisé "la procédure régulière suivie dans ces cas entre les pays".
Il existe des "conditions d'expulsion que le gouvernement américain n'a pas respectées", a-t-elle ajouté.
Donald Trump avait promis pendant sa campagne de lancer "le plus grand programme d'expulsions de l'histoire américaine", et la Maison Blanche s'est targuée cette semaine de l'arrestation de centaines de "migrants criminels illégaux", soulignant qu'ils avaient été expulsés par avions militaires plutôt que civils, comme c'était le cas précédemment.
Des membres de la Garde nationale mexicaine patrouillent alors que des équipes de construction remplacent des sections de l'un des deux murs frontaliers séparant le Mexique des États-Unis, mercredi 22 janvier 2025, à Tijuana, au Mexique.
Depuis l'investiture de Donald Trump le 20 janvier, les États-Unis n'avaient pas expulsé de migrants en situation irrégulière vers la Colombie, mais cela a été le cas vers le Guatemala et le Brésil.
Le président Petro a également demandé aux plus de 15.000 ressortissants des États-Unis qui vivent en Colombie "de façon irrégulière", de régulariser leur situation.
Les autorités américaines n'ont pas réagi aux déclarations de M. Petro, mais le responsable de la politique d'expulsions massive d'immigrés en situation irrégulière, Tom Homan, a déclaré, dans l'émission "This Week" de la chaîne ABC diffusée dimanche, que les migrants pourraient être expulsés vers un pays tiers si leurs pays d'origine refusaient de les accueillir.
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Samedi, c'est Brasilia qui avait exigé des explications à Washington pour le "traitement dégradant" de migrants illégaux brésiliens expulsés par les États-Unis, à bord d'un vol arrivé vendredi à Manaus (nord du Brésil).
Dans l'avion, ils ne nous ont pas donné d'eau, nous étions pieds et poings liés, et ils ne nous laissaient même pas aller aux toilettes.
Edgar Da Silva Moura, informaticien de 31 ans
Selon le gouvernement brésilien, 88 Brésiliens se trouvaient dans l'avion.
"Dans l'avion, ils ne nous ont pas donné d'eau, nous étions pieds et poings liés, et ils ne nous laissaient même pas aller aux toilettes", a déclaré à l'AFP Edgar Da Silva Moura, un informaticien de 31 ans, arrivé dans le vol après sept mois de détention aux États-Unis.
"Il faisait trop chaud, certains se sont évanouis", a-t-il ajouté.
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Luis Antonio Rodrigues Santos, un travailleur indépendant de 21 ans, a raconté le "cauchemar" de certains expulsés souffrant de "problèmes respiratoires" qui ont passé "quatre heures sans climatisation" à cause de problèmes techniques, ajoutant qu'un réacteur "ne fonctionnait pas". "Les choses ont déjà changé (avec Trump), les migrants sont traités comme des criminels", a-t-il dit.
Selon la ministre brésilienne chargée des Droits humains, Macaé Evaristo, l'avion transportait également "des enfants autistes, ou souffrant d'un handicap, qui ont vécu des situations très graves".
Une migrante de l'État mexicain de Guerrero marche parmi les tentes d'un refuge pour migrants, mercredi 22 janvier 2025, dans la ville frontalière de Tijuana, au Mexique.
Le ministère brésilien de la Justice a ordonné aux autorités américaines de "retirer immédiatement les menottes" lorsque l'avion a atterri à Manaus, dénonçant le "mépris flagrant des droits fondamentaux" de ses citoyens.
Les autorités brésiliennes ont rappelé que "la dignité de la personne humaine" est "l'un des piliers de l'État de droit démocratique" et relève de "valeurs non négociables".
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Une source gouvernementale brésilienne avait souligné vendredi à l'AFP que cette expulsion n'avait "pas de relation directe" avec l'opération contre les clandestins lancée par la nouvelle administration Trump, mais s'inscrivait dans le cadre d'un accord bilatéral entre le Brésil et les États-Unis, de 2017.