La Corée du Nord perd son “cher leader“. Vive le “grand successeur“

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il est mort le samedi 17 décembre 2011 d'une crise cardiaque, léguant à son fils Kim Jong-Un, désigné pour sa succession, un pays parmi les plus fermés au monde, doté de l'arme nucléaire mais isolé au plan diplomatique, ainsi qu'une économie moribonde.
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Un paranoïaque aux mains d'acier
Kim Jong-Il en 2001, en compagnie du président Russe Vladimir Poutine
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Un paranoïaque aux mains d'acier

Kim Jong-Il, dont la santé s'était rapidement dégradée après un accident cérébral en 2008, était âgé de 69 ans, selon sa biographie officielle. Le "grand leader" dirigeait d'une main de fer depuis la mort de son père, Kim Il-Sung, en 1994, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), unique dynastie communiste de l'Histoire où règnent culte exacerbé de la personnalité, censure, exécutions et internements arbitraires dans des camps considérés par les ONG comme des mouroirs de masse. Son plus jeune fils Kim Jong-Un, moins de 30 ans, a été désigné pour prendre sa succession, a annoncé l'Agence centrale de presse coréenne (KCNA), canal privilégié de la propagande nord-coréenne. Un choix qui était attendu mais qui plonge la communauté internationale dans l'expectative, tant le nouveau leader est inconnu. Né officiellement le 16 février 1942, Kim Jong-Il est décédé le samedi 17 décembre à 08H30 locales (le 16 décembre à 23H30 GMT) d'un "infarctus du myocarde sévère et une crise cardiaque" dans son luxueux train blindé, au cours d'un déplacement en province, selon l'agence de presse nord-coréenne. Kim, dont la biographie officielle et apologétique souligne le sacrifice permanent de sa vie pour son pays, "a succombé à un grand épuisement mental et physique", a-t-elle souligné. Une présentatrice en pleurs a annoncé sa mort à la télévision d'Etat, rappelant les scènes d'hystérie --pour partie orchestrées, soulignent les détracteurs du régime-- qui avaient accompagné la mort de Kim Il-Sung. Promu ces dernières années à de hautes fonctions militaires et politiques, le futur leader nord-coréen, Kim Jong-Un, reste pour sa part largement énigmatique. Les médias officiels ont appelé les Nord-Coréens à le reconnaître comme leur nouveau leader. "A l'avant-garde de la révolution coréenne se trouve à présent Kim Jong-Un, grand successeur de la cause révolutionnaire du Juché", a rapporté KCNA, en référence à l'idéologie développée par Kim Il-Sung, mélange de communisme et d'autosuffisance. KCNA a exhorté "tous les membres du Parti (des travailleurs, ndlr), les militaires et le peuple (...) à suivre fidèlement l'autorité du camarade Kim Jong-Un". Les funérailles nationales de Kim Jong-Il ont été fixées au 28 décembre à Pyongyang. Les autorités ont décrété un deuil du 17 au 29 décembre.
19.12.2011le portrait de Kim Jong-Il signé Amélie Cano
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Les Etats-Unis, proche allié de la Corée du Sud où sont stationnés quelque 28500 soldats américains, ont immédiatement fait savoir qu'ils surveillaient la situation "de près", en soulignant qu'ils souhaitaient la "stabilité" dans la péninsule. Le président américain Barack Obama, qui s'est entretenu par téléphone avec son homologue sud-coréen Lee Myung-Bak, "a réaffirmé la force de l'engagement des Etats-Unis pour assurer la stabilité de la péninsule coréenne et la sécurité de notre proche allié, la République coréenne", selon une déclaration de la Maison Blanche. La mort de Kim survient alors que Washington et Pyongyang avaient relancé leurs consultations directes ces derniers mois au sujet du nucléaire nord-coréen, avec parfois l'intercession de la Chine, l'un des rares soutiens du régime. Pékin a fait part lundi de ses "profondes condoléances", selon l'agence Chine nouvelle. Dans la capitale chinoise, le drapeau de l'ambassade nord-coréenne avait été descendu à mi-mât lundi matin. En Corée du Sud, l'armée a été placée en état d'alerte et la surveillance de la frontière ultra-sécurisée avec la Corée du Nord, le long de laquelle est stationnée une grande partie des troupes nord-coréennes, a été renforcée. Les deux Corées restent techniquement en état de conflit armé depuis l'armistice précaire signé à l'issue de la guerre de Corée (1950-53). Et les Sud-Coréens oscillaient entre craintes et espoir lundi à Séoul. "Je reste sans voix", a déclaré à l'AFP Kwak Bo-Ram, 24 ans, employée d'une organisation non-gouvernementale (ONG). "Je suis à la fois choquée et inquiète." "Je pense que la Corée du Nord va finalement s'ouvrir beaucoup plus tôt que prévu", espérait de son côté un homme d'affaires, Ko Jae-Lin, 50 ans. Le Japon, qui a occupé la péninsule coréenne dans la première moitié du 20e siècle et n'a jamais entretenu de relations diplomatiques avec Pyongyang, a présenté, contre toute attente, ses "condoléances" pour le décès de Kim.

Aux origines de la dynastie communiste des Kim, une guerre sans merci

rappel de Jakob Schlüpmann
Le 9 septembre 1948, la République Populaire Démocratique est proclamée en Corée du Nord un mois après l'organisation d'élections et la création d'une République dans le Sud. Libérateurs de la Corée trois ans plus tôt, Soviétiques et Américains en pleine guerre froide provoquent la partition de la péninsule. La guerre de Corée consécutive à cette partition sera très meurtière. les Américains y utilisent pour la première fois et à grande échelle des bombes au napalm. 
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La mort de Kim Jong-Il vue par Dilem

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Le grand successeur sous le crayon de Kroll (Le Soir - Bruxelles)

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La dynastie des Kim vue par Kichka

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