Quel est l'impact sur les populations locales ?
Elles se retrouvent victimes d'un rapport de force très inégal. Leurs gouvernements ne sont pas en capacité de les protéger en l'absence de cadre législatif approprié et face à des investisseurs puissants. Et parfois, ce n'est même pas la priorité des Etats de protéger leurs populations.
Souvent les habitants ne sont pas prévenus des transactions concernant leurs terres ou leurs ressources, ils l'apprennent dans la presse ! Ils ne reçoivent évidemment aucune compensation, comme c'est le cas dans les pays occidentaux quand des populations sont expropriées.
Enfin, ils n'ont pas de recours possible en justice car il est très difficile de remonter à la source des investissements en l'absence de législation internationale concernant les entreprises multinationales. Il est également très difficile pour ces populations de prouver la propriété d'une terre car le droit foncier local est flou ou ne les protège pas.
Quelle sont les solutions ?
C'est d'abord la mobilisation des populations locales. Elles s'opposent physiquement à l'expropriation de leurs terres et essaient d'obtenir le soutien de leurs gouvernements - via l'
Appel de Dakar au Forum Social de 2011 par exemple. Cette lutte porte ses fruits. Au Bénin, grâce à la mobilisation de
Synergies paysannes, une association soutenue par le
CCFD-Terre solidaire, un projet de loi avec une révision du code foncier est actuellement débattu au Parlement.
Seulement, ces cadres ne sont pas contraignants. C'est à chaque Etat de les traduire dans le droit. Nous sommes engagés dans ce chantier actuellement avec
le ministre français du développement durable, qui souhaite l'exemplarité de la France dans ce dossier.
Mais dans le fond, la vraie solution serait de changer de modèle de développement ! L'empreinte écologique de notre modèle est épouvantable. On ne peut pas continuer à consommer ainsi dans les sociétés occidentales et dans les pays émergents, qui recopient notre modèle de consommation. On ne peut pas continuer à piller les ressources de notre planète déjà surexploitée, il n'y en aura pas assez pour tout le monde. Il faut donc consommer moins et mieux répartir les richesses de notre terre. Nous sommes persuadés que cette transition est possible, même si la tâche est encore grande.