Fil d'Ariane
« Je suis très heureux », a confié Mohammed Kurdi à son arrivée. « Nous sommes très heureux que, finalement, notre rêve devienne réalité », a-t-il ajouté, avec sa sœur comme interprète. « Nous avions presque perdu espoir. » Le sort de membre de la famille décédés était au cœur des pensées de la famille lors du voyage, a aussi traduit Tima Kurdi.
La famille a remercié le Canada, ainsi que la Turquie et l'Allemagne, où les nouveaux venus se sont un temps réfugiés.
« Il a toujours une lumière au bout du chemin », a tenu à dire Tima Kurdi aux réfugiés encore en attente d'une vie meilleure.
La photo du petit Alan mort échoué à la fin de l'été sur une plage de Turquie avait ému le monde entier. Sa mère et son frère avaient également péri lors de la traversée. Le père de famille, Abdullah Kurdi, avait survécu au drame. Il demeure maintenant au Kurdistan irakien.
« Abdullah, nous aurions tous souhaité que tu sois avec nous aujourd'hui », a confié Tima Kurdi, les larmes aux yeux, à l'intention de son frère.
« Il est toujours sous le choc », a-t-elle raconté plus tôt à ICI Radio-Canada. « Il dit "j'ai fait de mon mieux pour sauver ma famille, mais maintenant ils ont disparu et la vie ne vaut plus rien pour moi, c'est pourquoi je n'irai nulle part". »
Tima Kurdi avait une première fois tenté de parrainer son frère Mohammed et la famille de ce dernier, mais son dossier avait été jugé incomplet. Elle a pu de nouveau entamer les démarches après le drame hautement médiatisé.
Ce rejet avait déclenché une vive polémique au Canada. Accusée à tort d'avoir refusé une demande d'asile pour Abdallah Kurdi, ses deux petits garçons et son épouse, qui sont tous les trois morts noyés, l'administration canadienne avait alors expliqué n'avoir jamais reçu de demande de cette famille.
Fatima Kurdi avait alors reconnu que son parrainage avait été fait pour la famille de Mohammed mais pas pour celle de son autre frère Abbdallah, faute d'argent.
Le père du petit Aylan avait exhorté la semaine dernière "le monde entier à ouvrir ses portes aux Syriens". En raison des difficultés logistiques et administratives, le nouveau gouvernement canadien a expliqué avant Noël que l'objectif d'accueillir 10 000 réfugiés syriens d'ici la fin de l'année devait être repoussé.
Au total, ce sont 25 000 réfugiés syriens qui doivent arriver au Canada avant la fin février, dont la grande majorité sont parrainés par des familles et des organisations caritatives.