Fil d'Ariane
Bras de fer entre la FFF et les joueurs pour leur droit à l’image, enquête du mensuel français So Foot faisant état d’une ambiance délétère au sein de l’instance, enquête d'un quotidien norvégien sur des cas d'abus sexuels sur des mineurs... À deux mois de la Coupe du monde 2022, le climat devient lourd au sein des instances de la Fédération Française de Football.
“Ce n’est pas le climat le plus apaisé." Ce jeudi 15 septembre, lors d'une conférence de presse, le sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps, trouve les mots pour décrire l’ambiance actuelle au sein de la Fédération française de football (FFF). À deux mois du Mondial, elle s'est brusquement tendue à la suite d'une série d'accusations et d'enquêtes sur les agissements de la FFF.
“C’est une institution critiquée depuis des années”, assure Alexandre Aflalo, journaliste à So Foot et à Le Parisien. “Elle paie le prix d’années d’errances politiques.”Retour sur les différentes affaires qui inquiètent la direction de la FFF.
Le champion du monde a refusé de participer à une séance photo en vue de la Coupe du monde 2022 ce mardi 21 septembre. La raison : il exige un droit de regard sur les actions marketing réalisées en son nom. “Kylian Mbappé fait peser son poids pour défendre cette cause qui lui est chère. Et il n’est pas le seul visiblement à se sentir concerné par cette question”, explique Alexandre Aflalo, journaliste à So Foot et à Le Parisien. Il refuse notamment que son image soit associées à des marques liées à la malbouffe.
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Aujourd’hui, les footballeurs ont pris une importance qu’ils n’avaient pas forcément dans l’espace public il y a 10 ou 20 ans.
Alexandre Aflalo, journaliste à So Foot et à Le Parisien.
Le combat pour la question des droits à l’image n’est pas récent pour le joueur. “C’est plutôt une ultime réaction à un épisode qui ne fait que durer depuis des mois”, a ajouté Alexandre Aflalo. Cela fait déjà plusieurs années qu’il demande à pouvoir choisir éthiquement pour qui leur image est diffusée.
“Aujourd’hui, les footballeurs ont pris une importance qu’ils n’avaient pas forcément dans l’espace public il y a 10 ou 20 ans”, explique Alexandre Aflalo. Ils sont aujourd’hui devenus de vraies puissances marketing.“On peut comprendre qu’ils n’aient pas envie que leur image soit liée à des choses qui vont à leur encontre par ailleurs.”
La FFF s’est aussitôt engagée à “réviser la convention” sur le droit à l’image des Bleus “dans les plus brefs délais”, dans un communiqué adressé ce mardi 20 septembre.
L'article de So Foot, paru le 8 septembre, accable en premier lieu la gestion du président Noël Le Graët en poste depuis 2011.
Des témoignages sous couvert de l'anonymat dépeignent le président de la FFF âgé de 80 ans comme ayant "perdu le fil", "moins vif qu'avant", "en pleine décrépitude, incapable de bosser".
Le magazine évoque surtout, sur la foi de témoignages anonymes, l'envoi par Le Graët de SMS à caractère sexuel à des employées de la FFF. "Je préfère les blondes, donc si tu es d'accord..." ou encore "Tu es assez pulpeuse, je te mettrais bien dans mon lit", répertorie le magazine So Foot.
La FFF a annoncé le 15 septembre avoir décidé de déposer “une plainte en diffamation” contre le mensuel.
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Dans L’Équipe du 13 septembre, le patron de la FFF a répondu avoir “l’intention […] d’aller au bout de son mandat, jusqu’en 2024.” Le journaliste Alexandre Aflalo prédit qu’il sera au moins là jusqu’à la Coupe du monde. “S’il n’est pas obligé de partir, il va rester.”
Le mensuel So Foot du 8 septembre revient notamment sur le PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi) lancé en 2021 par la directrice générale Florence Hardouin en raison des conséquences économiques de la pandémie de Covid-19. Il a abouti au départ de 18 employés. La Directrice Générale y apparaît comme un personnage à poigne, autoritaire et très ambitieuse.
Sa trop grande proximité avec l'équipe de France lors de la Coupe du monde en Russie en 2018 avait d’ailleurs poussé treize des directeurs de la FFF à réclamer sa démission, assure le magazine.
Le ministère des Sports a commandé un audit sur l’instance la semaine dernière après une rencontre avec Le Graët et Florence Hardouin, sa directrice générale.
À (re)lire : Affaires au sein de la FFF: le ministère des Sports lance un audit
Florence Hardouin a porté plainte pour diffamation contre So Foot, 10 jours après la parution de l'enquête.
L’enquête du quotidien norvégien Josimar Football publiée ce 16 septembre accuse l'organisation et ses cadres d’avoir étouffé plusieurs affaires d’abus et de harcèlement sexuels.
L'article du journaliste Romain Molina évoque "40 years of silence" dans son titre, "40 ans de silence" en français. Elle fait référence à l'omerta présumée de cas d'agressions et de harcèlement sexuels au sein de la FFF.
Here we go ! 40 ans d’abus couverts à la FFF : https://t.co/QhbzWZ615b
— Romain Molina (@Romain_Molina) September 16, 2022
Agression sexuelle/harcèlement/violence sur mineurs, chantage sexuel sur arbitres hommes et joueuses, agression sexuelle/harcèlement par des dirigeants : plus de 10 cas sont répertoriés
@JosimarFotball
L'ex-vice-présidente de la FFF, Brigitte Henriques, est notamment accusée d’avoir couvert des abus sexuels, y compris sur mineur, entre 2017 et 2021."Au moment où les faits se sont déroulés, je n’étais pas à Clairefontaine, (n.d.l.r. fief de la FFF)", s'est-elle défendue à Europe 1 ce mardi 20 septembre.
Il est difficile de prédire ce que toutes ces affaires inaugurent pour la suite, notamment à l'approche du mondial. “C’est sûr que cela crée un climat difficile pour la compétition. Mais il faut savoir quelles sont les priorités, argumente le journaliste Alexandre Aflalo. Est-ce que c’est juste d’avoir une équipe qui joue bien au football ? Ou est-ce d’avoir une Fédération qui roule bien avec des gens qui n’ont pas de comportement illégal ou malsain ?”
“Dans ce genre de cas, le sport est secondaire. On pensera au football après.”