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La gestion des migrants : priorité de l'Autrichien Kurz à la présidence de l'UE

La présidence de l'Union européenne a changé de main ce 1er juillet. La Bulgarie a passé le flambeau à l'Autriche, désormais dirigée par une coalition conservatrice d'extrême droite, qui veut saper les aides aux réfugiés et multiplie les expulsions dans son pays.
Sebastian Kurz l'a annoncé : la question migratoire sera le dossier prioritaire de l'Europe durant les prochains mois. Une question que le nouveau gouvernement populiste autrichien, aux idées d'extrême droite affichées, gère en durcissant à l'extrême l'accueil des migrants.

Le chancelier se targue d'être l'un des principaux artisans de la fermeture de la "Route des Balkans" en 2016 alors qu'il était ministre des Affaires étrangères. Il a construit son ascension et cimenté son alliance avec le FPÖ sur la promesse d'une politique migratoire sans concession.

Un climat populiste général

Pour l'Autriche et ses 8,7 millions d'habitants, le climat politique est aux antipodes de celui qui prévalait en 2000, lorsque la droite conservatrice de l'ÖVP avait, une première fois, fait alliance avec l'extrême droite de Jörg Haider. La coalition avait été la cible d'une réprobation internationale et l'UE avait maintenu durant plusieurs mois des sanctions contre Vienne.
 

Aujourd'hui, si le chancelier autrichien divise, "il est dans l'air du temps", explique Patrick Moreau, chercheur au Centre national français de la recherche scientifique (CNRS) et spécialiste de l'Autriche.

Shafi, intégré, apprenti... et expulsé ?

Shafi est un jeune demandeur d'asile afghan, apprenti couvreur qui, voici quelques jours à peine, vient de faire appel de son avis d'expulsion. La décision finale, il l'attend en travaillant dans cette entreprise de couverture dans le nord de l'Autriche. Un endroit peut-être trop paisible que la main d'oeuvre a quitté, un village de 1700 habitants et voisins que Shafi a rejoint après avoir quitté les siens : "J'ai reçu des menaces et c'est pour ça que j'ai fui mon pays. L'Afghanistan, c'est dangereux pour moi. Si j'y retourne, les talibans me tueront."

La coalition de droite et d'extrême droite au pouvoir fait la sourde oreille, mais entend bien saper les aides aux réfugiés et multiplier le nombre d'expulsés. Comme Shafi, 850 migrants en apprentissage sont sous la menace, malgré la mobilisation de leurs employeurs. "On vous dit que le plus important, c'est de montrer qu'ils sont intégrés. Shafi l'a bien fait, il a appris l'allemand et il a trouvé un emploi," dit Sylvia Hochstöger, qui dirige l'usine où Shafi fait ses classes, lui qui n'a jamais été à l'école. En tout, ils sont 50 000 Autrichiens à avoir signé une pétition demandant l'interdiction du renvoi des migrants en cours de formation. "Tout le monde trouve ça absurde. Pourquoi ne pourraient-ils pas rester ? Beaucoup de gens ne comprennent pas," continue Sylvia Hochstöger.

En Autriche, pays à la démographie vieillissante et où les jeunes délaissent certains métiers manuels, 90% des parcours de migrants apprentis seraient couronnés de succès.