Une juge administrative a validé vendredi 12 avril le principe de l'expulsion par les autorités américaines d'un meneur du mouvement étudiant propalestinien, Mahmoud Khalil, qui dispose encore de recours pour rester aux États-Unis. Les avocats de cette figure des manifestations au sein de la prestigieuse université new-yorkaise Columbia, fils de Palestiniens et né en Syrie, avaient indiqué, avant même cette décision, leur intention de faire appel en cas de jugement défavorable.
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Sommé par la magistrate administrative Jamee Comans de produire des éléments à charge pour justifier son expulsion, le gouvernement américain avait communiqué jeudi une lettre signée du secrétaire d'État Marco Rubio. Le chef de la diplomatie américaine y explique avoir "établi que les activités et la présence" de Mahmoud Khalil sur le territoire américain pourraient "avoir des conséquences potentiellement négatives pour la politique étrangère" des États-Unis.
Marco Rubio dit s'appuyer sur des informations des services d'immigration et du ministère de la Sécurité intérieure selon lesquelles cet ancien étudiant récemment diplômé a joué un rôle "dans des manifestations antisémites et des activités perturbatrices".
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Outre l'appel, Mahmoud Khalil a engagé parallèlement une autre procédure devant un tribunal fédéral du New Jersey pour contester la légalité de sa détention. Une audition s'est tenue devant cette juridiction quelques minutes après l'annonce de la décision dans la procédure d'immigration, pour que les avocats de Mahmoud Khalil rendent compte au juge fédéral Michael Farbiarz des derniers développements dans l'autre procédure.
Titulaire d'une carte de résident permanent (carte verte), cet ancien étudiant de Columbia a été interpellé le 8 mars et placé en détention à Jena, en Louisiane, dans un centre de rétention des services américains d'immigration (ICE). "Le combat pour ramener Mahmoud chez lui est loin d'être terminé", a commenté dans un communiqué Noor Zafar, une des avocates de l'activiste.
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"Bon débarras"
Après que la juge Comans a prononcé son jugement, Mahmoud Khalil a regretté qu'"aucun des principes" de respect du droit et des procédures n'aient été appliqués par la magistrate. "C'est exactement pour ça que l'administration Trump m'a envoyé devant ce tribunal, à plus de 1.500 km de chez moi", a ajouté celui qui possède la nationalité algérienne.
"Mahmoud Khalil déteste les États-Unis et nos valeurs", a réagi sur X la ministre américaine de la Sécurité intérieure, Kristi Noem. "Quand vous prônez la violence, glorifiez des terroristes (...) et que vous harcelez des juifs, (...) vous ne devriez pas être dans ce pays. Bon débarras."
Hormis la lettre de Marco Rubio, le gouvernement américain n'a produit, à l'appui de ses accusations, aucun élément tangible. Pour Marc van der Hout, autre avocat du militant propalestinien, le gouvernement américain se livre, dans cette procédure, "à une instrumentalisation du droit des étrangers pour empêcher la dissidence".
Depuis son arrestation pour son rôle de porte-parole de la contestation contre la guerre à Gaza sur le campus new-yorkais, Mahmoud Khalil est devenu le symbole de la volonté du président américain de museler ce mouvement étudiant, qui relève selon lui de l'antisémitisme.
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L'administration Trump a lancé une vaste offensive contre des universités américaines en les accusant de laisser prospérer l'antisémitisme et de ne pas protéger les étudiants juifs. Le gouvernement a par ailleurs supprimé ou menacé de supprimer des milliards de dollars de fonds fédéraux à Columbia, Harvard, Princeton et plusieurs autres établissements.
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L'offensive s'est poursuivie cette semaine, de nombreuses universités ayant confirmé que les visas de certains de leurs étudiants avaient été révoqués. Selon le décompte des médias américains, plusieurs centaines d'étudiants sont concernés.