Incarné dans le soi-disant
Estado Nuevo (État Nouveau)
, le franquisme se montre pendant les années de guerre civile et dans l'immédiat après-guerre comme un despotisme cruel dans un pays dévasté, en banqueroute et économiquement à terre. D'après la couleur de la Phalange, les actions de nettoyage sont désignées par l'expression «
terreur bleue ». Dès le début de la guerre, dans les régions contrôlées par le parti nationaliste, dominent la répression, la torture et la vengeance sur les opposants politiques. La société espagnole se partage entre vainqueurs et vaincus, et «
les vaincus, qui ont incarné aux yeux de Franco le mal absolu, doivent payer et expier ». Dès le 13 février 1939 un décret sur la «
conduite à l'égard des malfaiteurs politiques » est promulgué, qui soumet à une peine les activités considérées par Franco comme subversives, rétroactivement jusqu'en 1934.
Derrière les crimes du camp nationaliste, on peut voir, comme l'écrit l'historien Carlos Collado Seidel une «
intention tendanciellement génocidaire », qui veut nettoyer l'Espagne par l'«
anéantissement physique de toute vie considérée comme non-espagnole». L'attaché de presse de Franco déclare sur procès-verbal qu'afin d'éradiquer le cancer du marxisme du corps espagnol dans une opération sanglante, il aurait fallu éliminer un tiers de la population masculine. Dans cette intention d'anéantissement, il faut, selon beaucoup d'historiens, faire une différence avec les répressions du côté républicain commises pendant la guerre (et quantitativement bien moindres).
Le nombre des exécutions à motif politique se situe dans les centaines de mille. Bernecker situe le nombre de ceux qui ont perdu la vie entre 1936 et 1944 par meurtre politique et condamnation judiciaire à 400 000. De nouvelles estimations (notamment de Michael Richards) parlent d'une fourchette entre 150 000 et 200 000. Les victimes ont été en règle générale enterrées de façon anonyme dans des fosses communes, afin de les faire passer dans l'oubli. En Galice, la délivrance de certificats de décès aurait été refusée pour le même motif.
Au moins 35 000 soutiens de la République sont assassinés. Ils sont enterrés hors des villages et des villes, et se trouvent probablement actuellement encore dans des fosses communes, non référencées pour la plupart. Cette estimation a été revue à la hausse dans les derniers travaux de recherches. Dans la seule Andalousie, le nombre des Républicains «
disparus » est estimé à 70 000. Le recensement des personnes de la part des associations de rescapés, la première tentative d'un comptage détaillé, a donné un nombre provisoire de 143 353 (consulté mi-2008).
(extrait de l’article de Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Espagne_franquiste)