Fil d'Ariane
Fatima Hadfi a appelé l'animateur et PDG de la chaîne Mohammed Tijjini pour exprimer sa douleur et sa vérité. Pour elle, les familles ne se rendent pas compte de la radicalisation des jeunes qui sont "manipulés". La mère de Bilal Hadfi qui affirme parler au nom d'autres dans le même cas dit qu'elles n'ont aucun moyen de retenir ces jeunes.
Elle explique avoir été sur place à Paris sur les lieux où son fils s'est fait exploser et raconte les difficultés administratives qui empêchent le rapatriement du corps de Bilal Hadfi. A noter qu'un des trois auteurs de la tuerie du Bataclan, Samy Amimour, a été inhumé jeudi en toute discrétion au cimetière de la Courneuve.
Manipulation
Interrogée sur le parcours de son fils, cette mère de Neder-Over-Heembeek en dresse un portrait idéaliste, d'un jeune "aimable, serviable", mais harcelé à l'école "par un professeur", "victime de la société, des regards".
Des circonstances qui expliquent selon elle, qu'il ait pu être endoctriné et manipulé par des groupes musulmans, des "recruteurs".
Pour elle, son fils est une "victime", il lui a été arraché. "Mon bébé est parti", dit la mère qui raconte qu'elle était "en pleine crise" lors des perquisitions qui ont eu lieu chez elle après son départ en février 2015.
Bilal Hadfi a effectivement fait un séjour de 9 mois en Syrie, prétendant à ce moment à sa mère, être en vacances à Tanger au Maroc.
Danger de la libre antenne
Le malaise du présentateur de Maghreb TV est perceptible à plusieurs moments de l'intervention de cette mère. Pendant 27 minutes, entrecoupées de sanglots et d'hésitations, avec des passages en arabe, Mohammed Tijjini laisse cette femme parler de son fils, sans un mot pour les 130 victimes.
"Quelque temps avant de partir, il a arrêté de fumer, de boire de l'alcool, je trouve cela bénéfique. Ce n'est pas de la radicalisation", dit cette mère à Maghreb TV. Pour elle, son fils qui s'est fait exploser à Paris était devenu "un autre", soulignant qu'il n'a fait aucune victime.
En vacances au Maroc, le présentateur Mohammed Tijjini s'est expliqué par Skype auprès de Quentin Warlop. Il reconnaît que les propos tenus sont "interpellants". S'il lui a accordé autant de temps, c'est qu'elle "devait vider son sac" et qu'il y avait "des choses à apprendre" comme la détresse des familles dont les enfants partent en Syrie. Pour lui, l'absence de soutien de l'Etat belge mis en avant par la mère est un élément important apporté par cette intervention.
"Le fait qu'il s'est fait exploser et n'a fait aucune victime à part lui, la rassure. Doit-on condamner toute la famille ? Que la mère n'ait pas apporté un mot de soutien ou de compassion aux victimes, ça, je peux comprendre. Est-on là pour analyser le fond de sa pensée ?, se demande Mohammed Tijjini, je laisse cette question aux téléspectateurs et aux analystes psychologiques. Je vois des commentaires sur les réseaux sociaux qui comprennent la douleur de la mère et qui ne parlent pas de Bilal. Je ne suis pas là pour la juger".
"Il faut tirer des leçons", conclut Mohammed Tijjini qui propose à la RTBF de l'interviewer aussi. Ce que nous avions fait déjà, dans l'émission "Tout ça ne nous rendra pas le Congo" qui l'avait suivi pendant près de deux ans, mais aujourd'hui, elle ne souhaite plus s'exprimer dans les médias.