Les amateurs de polars nordiques (Suède, Norvège, Finlande) ont découvert depuis quelques années la prégnance profonde des idées d’extrême-droite ou du fondamentalisme chrétien et sectaire dans ces sociétés "modèles". Elles s’expriment surtout par la montée électorale de mouvements populistes ultra nationalistes et xénophobes, comme on a pu le voir encore
en Finlande en avril 2011. Mais ces tendances ne surgissent pas de nulle part. Ces pays si paisibles en apparence sont, depuis leurs naissances, traversés par des forces obscures, qui se sont encore déployées contre le bolchévisme après la révolution russe d’octobre (tout au Nord, la Norvège est séparée de la Russie – et donc de l’ancienne Urss – par une frontière de 150 kilomètres très disputés) et se sont renforcées avec la guerre froide. Dans cette géographique politique septentrionale, la Norvège, pays de la paix – prix Nobel, accords d’Oslo pour le Proche Orient, etc - occupe une place à part. Elle a d’abord dû s’affranchir au début du XXème siècle du Danemark et de la Suède, ses voisins longtemps dominants, n’a pas rejoint l’Union européenne (la population s’y est opposée à plusieurs reprises), et affiche aujourd’hui une richesse insolente grâce au pétrole de ses zones maritimes, après avoir été un pays très pauvre, voire misérable, tirant alors ses ressources essentiellement de la pêche.
Une partie de la jeunesse en proie à la tentation du pire Neutre pendant la Grande guerre, elle fut l’un des premiers pays attaqués par les nazis et occupé par l’armée du IIIème Reich dès le printemps 1940. Les soldats allemands furent bien accueillis par un parti nazi norvégien, plutôt actif, mené par le sinistre Vidkun Quisling qui dirigea le gouvernement collaborationniste jusqu’à la fin de la guerre. Les idées nazies de race supérieure firent alors leur chemin au sein des sociétés nordiques, séduisant même des créateurs ou des artistes, tels le cinéaste et dramaturge suédois Ingmar Bergman ou le chanteur d'opéra norvégien Albert Viljam Hagelin. Depuis quelques années, entraînés par des nostalgiques incultes, de plus en plus de jeunes Norvégiens, en mal de repères, se laissent tenter par les sirènes du néo-nazisme ou du fondamentaliste chrétien, qui prend plus facilement racine dans un pays plutôt puritain et de confession majoritairement luthérienne. Les dirigeants sociaux-démocrates de ce pays ouvert sur le monde et souvent médiateur dans des conflits lointains, n’ont peut-être pas mesuré ce danger de plus en plus présent.
la fausse respectabilité des partis populistes Anders Behring Breivik, le principal suspect dans la double attaque sanglante perpétrée vendredi en Norvège, était un ancien membre de la formation de la droite populiste, le
Fremskrittspartiet ou parti du Progrès (FrP), et de son mouvement pour la jeunesse. Breivik a été radié du parti en 2006. La présidente du FrP, Siv Jensen, dans un communiqué, s’est déclarée « attristée
(sic) d'apprendre que cette personne a été parmi [eux] ». Aujourd’hui que le FrP est la deuxième formation politique du pays et joue la carte électoraliste, il ne faut pas oublier qu'à ses débuts en 1973, il était franchement raciste et néo-fasciste.
Comme d'autres partis de même obédience en Europe, le FrP est loin d'avoir aboli intellectuellement l'usage de la violence.