Au lendemain de la mort de Fidel Castro, la presse latino-américaine évoque la vie du père de la révolution cubaine parfois avec amertume, parfois avec admiration, sans jamais oublier l'impact du "camarade" sur l'Histoire de la région.
Du Mexique jusqu'au Brésil la presse oscille entre nécrologie classique et interrogations sur l'avenir de l'île. En revanche, journaux conservateurs et progressistes évoquent presque sans exception l'influence du régime castriste sur le destin de la région.
Nous commençons ce voyage -purement subjectif- des une latino-américaines au Mexique. Un pays qui entretient depuis des décennies une relation privilégiée avec Cuba, d'abord la révolutionnaire, puis, celle des exilés. Les liens économiques sont également importants, malgré l'embargo qui pèse sur l'île.
Le journal progressiste,
La Jornada, a mis en valeur les neufs jours de deuil national décrétés ainsi que les réactions des dirigeants internationaux. Un profil y est également consacré à Fidel Castro et à "ses leçons".
El Excelsior, grand journal de la capitale Mexico, a choisi pour sa part de faire la part belle à l'obsession mexicaine du moment : Donald Trump. L'édition dominicale de cette publication compare
les déclarations du président Obama et de son successeur, à la suite de la mort de Castro.
Barack Obama, avait écrit que l'Histoire "
jugera l'impact énorme" de Fidel Castro. De son côté, le futur président des Etats-Unis, Donald Trump avait d'abord écrit un tweet laconique : "
Fidel Castro est mort !". Avant de compléter, quelques heures plus tard : Fidel Castro était "
un dictateur brutal qui a opprimé son propre peuple".
Au Pérou,
El Comercio, un des plus anciens journaux du continent s'intéresse à la suite et titre :
"L'ère sans Fidel commence", sans oublier les détails des obsèques. Comme de nombreux quotidiens sud-américains, celui-ci a choisi de consacrer presque une pleine page à l'ancien président cubain.
Au Venezuela, bien entendu, les photos mythiques de Castro occupent les unes de deux des principaux journaux du pays. Hugo Chávez, puis Nicolas Maduro ont donné un nouveau souffle à l'idéologie castriste alors que le pétrole vénézuélien renflouait l'économie de l'île.
La chute des prix du pétrole a mis à mal cette coopération mais en aucune façon l'amitié entre Caracas et La Havane.
L'hommage de Nicolas Maduro à Fidel Castro n'a pas manqué d'être lyrique. El Universal titre :
"Le dernier rebelle".
"Sa présence est essentielle pour comprendre l'histoire de l'Amérique latine", poursuit-il.
La une de
El Clarín est très similaire à celle du péruvien
El Comercio. Même titre, même cigare...
"Les observateurs s'accordent à dire qu'il y aura un avant et un après Fidel", écrit-il.
En Argentine, le quotidien libéral, La Nación, va plus loin que d'autres publications de la région en titrant
"Fidel Castro, révolutionnaire et dictateur" qui a
"fait des rêves des cauchemars". Alors que d'autres publications s'interrogent sur l'avenir, le journal explique que
"le monde a changé avant sa mort".
Pour son concurrent plus à gauche,
Clarín, Fidel Castro est
"le dernier leader du XXème siècle". Sur sa une, le quotidien en profite pour rappeler que le président de centre-droite, Mauricio Macri ne se rendra pas à Cuba pour
les obsèques du "camarade". La liste de tous les chefs d'Etat qui y seront le 4 décembre prochain est loin d'être complétée.
"L'adieu à Fidel." Le colombien de gauche,
El Espectador, fait un choix iconographique en décalage avec les autres unes et se concentre sur le contraste entre les cris de joie à Miami, après l'annonce de la mort de Fidel, et les larmes dans l'île. Le journal consacre un riche dossier à cet événement avec, en prime, un texte du prix Nobel de littérature, Gabriel García Márquez :
"Le Fidel Castro que je crois connaître".
En Colombie toujours, le journal de référence
El Universal, écrit que
"Fidel a été lié à l'histoire de la Colombie depuis 1948 et à ses épineux processus politiques". Le quotidien fait évidemment référence au processus de paix avec la guérilla des Farc qui s'est négocié à La Havane,
dont le texte final sera bientôt soumis au vote du Parlement après un échec dans les urnes.
Tout au sud du continent, un des journaux les plus puissants du Brésil,
O Globo, titre
"L'adieu au seigneur de l'île", en jouant sur la même ambiguïté que d'autres quotidiens et revient également sur les interrogations que suscite le décès du père de la révolution cubaine.
Folha de Sao Paulo revient aux fondamentaux :
"Fidel Castro est mort".