Les vents destructeurs de Garance ont ainsi gravement endommagé l'habitation de la famille Bortel à Petit Saint-Pierre, un quartier de Saint-Benoît, commune de l’est de l'île. "Le toit s’est soulevé et a failli voler sur notre maison qui se trouve à l’arrière", décrit Jimmy Bortel. "Mes parents ont pu venir se réfugier chez nous juste à temps. Je n’avais jamais vu ça, je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie." "Quand je suis arrivée chez mon fils, juste derrière, je me suis assise par terre et je me suis mise à pleurer. Déjà que je n’avais pas grand-chose, là je n’ai plus rien", témoigne Thérèse Bortel.
L'alerte rouge, ordonnant le confinement de la population, a été levée ce 1er mars à 10H00 locales (07H00 à Paris). L'aéroport Roland-Garros, à l'est de Saint-Denis (nord), sera rouvert samedi partir de 18H30 (15H30 à Paris).
Le bilan "nous montre combien il faut être prudent alors que le danger n'est pas terminé", a souligné le 28 février au soir le préfet de l'île, Patrice Latron. Le passage de ce cyclone, "brutal et violent" selon les termes du représentant de l'État, s'est en effet soldé par le décès de quatre personnes.
Le 28 février au matin, le préfet de La Réunion Patrice Latron avait annoncé, lors d'un point presse, l'entrée en vigueur sur l'île de l'alerte violette cyclonique à partir de 9 heures (6 heures à Paris).
Dernier niveau du dispositif d'alerte cyclonique, l'alerte violette implique le confinement strict de toute la population, y compris des forces de l'ordre et des services de secours mobilisés.
"Les rafales dépassent les 200 km/h. L'œil va traverser l'île et devrait ressortir en mer par le sud dans les 2 ou 3 prochaines heures",selon cette source.
Des vents soufflant à 214 km/h ont été relevés par Météo-France à l'aéroport international situé dans le nord de l'île, et à 230 km/h sur le Piton Sainte-Rose dans l'extrême est. "Les conditions vont rester très dégradées sur l'ensemble de l'île toute la journée de vendredi", insiste Météo-France.
Dans son bulletin publié à 7 heures, Météo-France soulignait que Garance "se maintient au stade de cyclone tropical intense malgré une tendance à l'affaiblissement qui commence à s'opérer". Toutefois, l'institut précise que le cyclone continue de "se rapprocher directement de la Réunion" et "présente toujours une menace cyclonique très importante pour l'île".
Les autorités ont exhorté les habitants à ne pas sortir et à suivre les consignes de sécurité.
"J'appelle nos compatriotes réunionnais à la plus grande vigilance et au respect des consignes de sécurité. L'État est à vos côtés et nos forces mobilisées. Solidarité de la Nation", a déclaré sur X jeudi soir le président Emmanuel Macron.
Toutes les communes de l'île ont ouvert au public leurs centres d'hébergement d'urgence. Plus de 500 personnes habitant des logements précaires ou n'ayant pas de domicile y sont actuellement hébergées, a détaillé le préfet.
L'île sous cloche
Selon EDF, 4.000 foyers ne sont plus alimentés en électricité. Vendredi matin, le préfet a indiqué que "8,4% des abonnés n'(avaient) plus d'accès à internet et au téléphone".
Avant l'arrivée du cyclone, les derniers préparatifs ont rythmé la journée jeudi à Saint-Denis. "Je me suis dit que j'avais le temps de faire mes courses, mauvaise pioche", soupirait Franck Vitry, patientant dans la longue file d'un supermarché du Port (ouest). "Ça m'a pris 30 secondes pour prendre mon pack d'eau, et là, ça fait 10 minutes que j'attends en caisse!"
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Certains anticipaient aussi les longues heures d'attente à domicile. "J'ai pris des rouleaux de pâte feuilletée, des œufs et du sucre pour faire de la pâtisserie avec mes enfants pendant l'alerte rouge", confie Maryvonne Laurent, 36 ans, en faisant ses courses avec ses deux fils.
L'aéroport international de La Réunion a suspendu tous ses vols jeudi matin à 10h30. Sur l'île Maurice voisine, distante de 200 km, l’aéroport avait lui cessé toute activité dès mercredi.
Dans les terres, l'inquiétude grandit parmi les agriculteurs. À Etang-Salé-Les-Hauts (sud), Jean-Christophe Hoareau, producteur de légumes, retirait jeudi la mort dans l'âme les bâches de ses serres. Il sait que ses cultures ne résisteront pas au cyclone.
"Le sentiment d'être impuissant, de ne pas savoir si ça va résister... À chaque fois, on perd nos cultures parce qu'on ne prend pas le risque et on sauve notre structure", confie-t-il à l'AFP.
Si Garance s'avérait aussi puissant que redouté, La Réunion pourrait revivre un épisode comparable à celui de janvier 2024. À l'époque, l'île avait été placée en alerte violette lors du passage du cyclone intense Belal, qui avait fait quatre morts.