Fil d'Ariane
Le président français Emmanuel Macron, en tournée dans le sud-ouest de l'océan Indien, doit répondre mardi aux inquiétudes des habitants de La Réunion, affectée par une épidémie de chikungunya et meurtrie par le cyclone Garance, le deuxième ayant touché cette île en deux ans.
Des personnes se promènent sur le front de mer à Saint Denis de la Réunion, dans l'île française de l'océan Indien de La Réunion, mercredi 16 mars 2022. (AP Photo/Lewis Joly)
M. Macron va aussi réaffirmer le "rôle stratégique de La Réunion dans la zone indo-pacifique", où la France aspire à se poser en puissance régionale aux côtés des Etats-Unis, de la Chine ou l'Inde.
Le chef de l'Etat français est arrivé lundi soir à La Réunion en provenance de Mayotte, où il a annoncé une enveloppe de plus de trois milliards d'euros sur six ans pour financer le plan de "refondation" du département le plus pauvre de France, dévasté par le cyclone Chido en décembre.
Après La Réunion, il se rendra à Madagascar mercredi et l'île Maurice vendredi.
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La Réunion est secouée par une épidémie de chikungunya, une maladie infectieuse transmise par le moustique tigre, qui a fait six morts depuis le début de l'année et touché potentiellement 100.000 personnes, soit un habitant sur neuf.
Emmanuel Macron sera informé des derniers développements de l'épidémie, qui a atteint son pic ces derniers jours, lors d'un échange avec l'Agence régionale de la santé.
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Les difficultés sur ce front restent palpables. Le directeur général du centre hospitalier de La Réunion, Lionel Calenge, a demandé l'envoi de renforts médicaux face au risque de saturation des centres de santé.
"Tous les jours depuis plusieurs semaines, on accueille entre 30 et 40 patients atteints de chikungunya sur nos deux services d'urgence", ce qui génère "vraiment une grosse tension sur nos capacités", a-t-il alerté dimanche.
Début avril, le centre hospitalier universitaire avait déclenché le plan blanc, dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés dans les hôpitaux.
Une campagne de vaccination a aussi été lancée le 7 avril. Les 40.000 premières doses du vaccin Ixchiq, le premier ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, sont destinées aux personnes de 65 ans et plus présentant des comorbidités. Elles peuvent se faire vacciner gratuitement.
Tous les jours depuis plusieurs semaines, on accueille entre 30 et 40 patients atteints de chikungunya sur nos deux services d'urgence.
Lionel Calenge, directeur général du centre hospitalier de La Réunion
Autre défi pour La Réunion, le passage du cyclone Garance, le 28 février, a fait près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans.
Déjà frappées par une sécheresse sévère, toutes les filières agricoles de l'île - la canne à sucre représentant 53% de la surface agricole - ont lourdement été affectées par les vents et les pluies de Garance, qui a fait cinq morts.
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A la même époque, l'an passé, le cyclone Bilal avait déjà mis à terre les productions de l'île. Deux cyclones en deux ans qui témoignent de l'augmentation et de l'intensification de ces phénomènes météorologiques.
Le chef de l'Etat rencontrera dans la matinée des exploitants agricoles alors que l'île est autosuffisante aux trois quarts.
Le président veut à travers cette visite illustrer le fait que l'échelle régionale c'est le moyen de mieux survivre, de mieux se préparer à affronter ces éléments climatiques.
Elysée
La souveraineté alimentaire sera au coeur du cinquième sommet de la Commission de l'océan Indien jeudi à Madagascar.
La Réunion y est représentée aux côtés de Madagascar, Maurice, des Comores et des Seychelles mais pas Mayotte, les Comores s'opposant à l'intégration de l'archipel dans l'organisation en raison d'un contentieux colonial.
"Le président veut à travers cette visite illustrer le fait que l'échelle régionale c'est le moyen de mieux survivre, de mieux se préparer à affronter ces éléments climatiques", résume l'Elysée.
"Cet espace régional doit s'organiser avec l'ensemble de ses territoires et il y a un avenir commun à bâtir", assure la présidence française.