Comme dans 12 pays de l'Union Européenne, la Roumanie interdit le mariage homosexuel dans son code civil. Pourtant, des citoyens ont lancé une pétition pour entériner cette interdiction dans la Constitution afin que le terme “époux” soit compris comme “un homme et une femme”. Ce week-end, les électeurs se prononcent sur la question par référendum.
Sur la place de l'Union à Timisoara, des habitants tentent de mobiliser les passants en vue du référendum de ce week-end. “Nous voulons juste définir le mot “époux” dans le vocabulaire juridique pour qu'il ne soit pas interprétable”, dit Dan Olariu, représentant local de la Coalition pour la famille
Les membres de la Coalition pour la famille, un collectif d'associations et de particuliers, veulent modifier la Constitution roumaine. Leur but : “que la famille ne se base plus sur l'union de deux époux” mais “celle d'un homme et d'une femme”. - “Nous ne devons pas renoncer à nos spécificités nationales. Par exemple, le droit d'un enfant de dire maman et papa, et pas parent 1, parent 2, est un droit évident pour nos enfants. Avoir trop d'égalité entre les gens, quand ce n'est pas nécessaire, aura des conséquences néfastes pour les enfants.”ajoute Dan Olariu
Plus le vote approche, plus la population roumaine se divise. D'un côté, les pro-famille traditionnelle que soutiennent tous les cultes religieux du pays et la majorité de la classe politique. De l'autre, les partisans du boycott, à commencer par la communauté LGBT. “Boycott, parce que ce référendum est immoral. Il frappe de plein fouet une communauté déjà vulnérable et extrêmement marginalisée en Roumanie. Nous avons entendu des messages comparant l'homosexualité à la pédophilie, à la zoophilie. Avec ça, les homosexuels perdent confiance dans leur pays.” explique Teodora Roseti-Ion-Rotaru, directrice de projets – Association Accept.
Sur les réseaux sociaux, des journalistes, économistes et écrivains ont créé la page “Nous aussi, nous sommes des familles” pour défendre les familles non-traditionnelles. Certains restent anonymes car ils ont reçu des menaces de mort. Pour eux, ce référendum est une étape vers une Roumanie fondamentaliste. “J'ai peur pour mes enfants qui vont être obligés un jour de quitter la Roumanie, parce qu'ils sont habitués à penser librement, de prendre des décisions pour eux-mêmes, de voir la vie de leur manière et d'aimer n'importe qui. Tout cela entre en contradiction avec la doctrine qui envahit la Roumanie jour après jour.”explique Florin Iaru, écrivain – membre du groupe “Si noi, suntem familie” (“Nous aussi, nous sommes des familles)
Le peuple roumain va décider de son sort. 6 millions d'entre eux doivent participer au scrutin pour le valider, avec une majorité de “oui”. Un résultat probable, car la Coalition pour la famille a déjà réussi à rassembler 3 millions de signatures pour la tenue de ce référendum.