La Roumanie veut imposer un manuel scolaire unique à ses élèves

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©TV5MONDE / Aline Fontaine
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En Roumanie, le gouvernement veut instaurer le livre unique à l'école. Un seul et même manuel scolaire par matière à l'échelle nationale. Ce projet ne fait pas l'unanimité au sein des enseignants et réveille les souvenirs de la dictature Ceaușescu.
 
Dans cette classe de première littéraire de l'Ecole centrale de Bucarest, les élèves se spécialisent en poésie roumaine. "Eminescu disait cela : En déposant les perles sur les reflets blonds de l'étoile" cite Florina Rogalski, professeur de langue et littérature roumaine. 

La professeure a choisi un manuel scolaire complexe. Mais à la rentrée prochaine, le ministre de l'Education socio-démocrate veut introduire un livre unique par matière pour les 3 millions d'élèves de Roumanie. Cette idée dérange. Pour Florina Rogalski, "chaque classe a une spécificité, une personnalité. Et toi, comme professeur, tu t'adaptes avec le ou les livres que tu adaptes à cette spécificité. Avec un manuel unique, nous sommes tous pareils."
 

"Ce n'est pas du tout transparent"


Pour les professeurs, comme pour les éditeurs indépendants, ce risque d'uniformisation rappelle les heures sombres de la dictature où l'enseignement servait de propagande. Amb, une éditrice roumaine, rappelle que "Notre cher camarade Nicolae Ceausescu ; cette phrase était partout, dans tous les manuels."

En Roumanie, les manuels alternatifs agréés par le ministère existent seulement depuis 20 ans. Doina Groza, professeure de français et auteure de manuels, raconte qu'elle participe à des projets européens où elle a eu avec elle des manuels de français : "un professeur du Luxembourg m'a dit, je voudrais avoir un tel manuel dans mon pays. Alors si on l'apprécie, pourquoi ne pas continuer ce travail." 

Le ministère de l'Education n'a pas justifié à TV5MONDE ce retour au manuel unique qui sera publié par la maison d'édition d'Etat.
 

Pologne et Hongrie 


La députée Union sauvez la Roumanie (USR) Cristina Iurișniți jufe que ce système "n'est pas du tout transparent. On ne peut pas contrôler les informations qui vont se retrouver dans le manuel. Il faudra toujours que le professeur remplace. Finalement, le professeur sera le meilleur manuel, c'est une responsabilité immense."

D'autres pays, comme la Pologne et la Hongrie, ont déjà initié un tel système mais croulent sous les critiques européennes. En Roumanie, le projet de loi est déjà inscrit à l'ordre du jour du gouvernement.