
Fil d'Ariane
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- La Suisse atterrée par la mort de Jean-Noël Rey et...
Cependant, n’oublions pas que «la terreur est sans frontières», rappelle Le Quotidien jurassien (LQJ). On aurait peut-être à peine prêté attention au drame du Burkina «si deux Valaisans ne faisaient partie des […] victimes. […] C’était leur heure, diront les fatalistes. C’était surtout la poisse de se trouver à la mauvaise place au mauvais moment. Comble de la brutalité: les deux Valaisans étaient là dans le cadre d’une action humanitaire, l’inauguration d’une cantine scolaire.»
Dans le district de Sierre, où les deux hommes étaient domiciliés, ils laisseront un grand vide. «Aujourd’hui, on est un peu orphelins», a déclaré à la télévision Canal 9 l’ancien président du conseil national Stéphane Rossini. «Je perds deux amis intimes», y a aussi témoigné l’ancien député au Grand Conseil valaisan Jean-Marc Zufferey: «On aimait se retrouver ensemble pour partager un repas et débattre. Avec Georgie Lamon, j’ai expérimenté ce que signifiait l’expression avoir une foi à renverser les montagnes.»
Avec ces «scènes» que l’Aargauer Zeitung qualifie de «terrifiantes», «l’attentat de Ouagadougou endeuille un Valais de cœur», lit-on aussi à la une du Nouvelliste ce lundi matin, qui consacre cinq pages aux deux disparitions. Plus son éditorial, où il est dit qu’il faut «se souvenir absolument». «Se souvenir des hommes qu’ils ont été et des valeurs qu’ils ont défendues tout au long de leur vie. Se rappeler leur combat pour davantage de justice. Leur ouverture aux autres. Leur curiosité du monde.»
Les internautes qui s’expriment sur le site L’1Dex sont aussi très touchés: «Mes très vives félicitations à ces deux Valaisans pour leurs démarches humanitaires en Afrique et pour leurs initiatives»; «J’espère de tout cœur» que leur «voyage […] continuera dans un monde meilleur», écrivent-ils. D’ailleurs, lit-on dans le Blick, au Burkina, «ils se sentaient plus en sécurité qu’à Genève ou à Zurich» !
«Altruisme, bienveillance, générosité et un optimisme indécrottable», enchaîne 24 heures dans son éditorial: «Les valeurs qui ont conduit deux Valaisans au Burkina Faso où les a fauchés la mort la plus brutale et la plus aveugle sont précisément celles qui ont conduit la Suisse à choyer, depuis quatre décennies», ce pays d’Afrique noire. «Le pédagogue et travailleur social Georgie Lamon et son ami Jean-Noël Rey avaient de l’énergie à déplacer les montagnes.»
Alors, si «les barbares ont marqué un point sinistre, […] ils n’ont pas gagné la partie. […] Le pire serait de céder à ceux qui veulent répandre la terreur. Quitter le Burkina Faso pour moins s’exposer à la brutale violence de quelques malheureux serait fatal. […] Un jeune sans horizon se laisse manipuler? Georgie Lamon, le pédagogue au cœur d’or, le savait trop bien. Il croyait au cercle vertueux de l’éducation. Ne le trahissons pas!»
Surtout qu’avec Jean-Noël Rey, ils n’ont pas été «tués parce qu’ils s’impliquaient pour aider le pays, comme cette famille canadienne qui œuvrait pour une autre organisation d’entraide». Non, dit LQJ, ils «paraissent plus vraisemblablement avoir été exécutés avec d’autres victimes anonymes, des clients d’un restaurant prisé des Occidentaux. Les terroristes cherchaient de toute évidence à assassiner des Blancs, qui constituent la plupart des 29 tués.»
Le Matin, enfin, consacre aussi plusieurs pages à ces deux hommes «assassinés au service des autres». Par des «lâches [qui] s’en sont pris à des gens sans défense, venus avec les meilleures intentions du monde. A l’aveugle. Avec une froideur qui glace le sang.» Il y aurait «de quoi freiner les plus généreux d’entre nous». Mais ne cédons pas, dit le quotidien orange: «Jean-Noël Rey, Georgie Lamon et toutes les autres victimes de ces monstres ne doivent pas être morts pour rien.»