La Suisse dit “oui“ à la limitation de l'immigration

Les Suisses se rendaient aux urnes ce dimanche 9 février pour une votation populaire. A 50,3 %, ils ont dit "oui" à l'initiative du parti populiste UDC contre "l'immigration de masse". En 2014, un habitant sur quatre de la Confédération est un étranger, et l'immigration est devenue un sujet de crispation dans la société helvétique. Le point avec la rédaction de TV5MONDE.
Image
La Suisse dit “oui“ à la limitation de l'immigration
Partager 4 minutes de lecture

L'immigration en Suisse : état des lieux

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
09.02.2014Liliane Charrier, avec AFP
L'initiative populaire "contre l'immigration de masse" émane de l'Union démocratique du centre (UDC). Ce parti issu de la droite populiste a défrayé la chronique en 2007 lors de la votation pour le renvoi des étrangers criminels, avec des affiches montrant un mouton noir expulsé par des moutons blancs. C'est aussi lui qui, en 2009, avait fait adopter l'interdiction des minarets, "symbole apparent d'une revendication politico-religieuse du pouvoir". Non au "diktat européen" Les partisans du oui à l'initiative contre l'immigration de masse, UDC en tête, invoquent la souveraineté nationale : la Suisse ne doit pas se plier au diktat européen. L'immigration massive européenne constatée depuis 2002, arguent-ils, est la cause de nombreux problèmes dans le pays : transports en commun surchargés, pénurie de logements,  criminalité, hausse du chômage (qui reste faible, à 3,5 %), hausse des prix de l'immobilier (Chaque année, l'accroissement de la population requiert une surface d'habitat et d'infrastructures de la taille de 4 448 terrains de football, avance le comité d'initiative), pression salariale à la baisse, charge pour la sécurité sociale, perte d'identité culturelle dans la conduite des entreprises, paysages défigurés par le bétonnage du secteur de la construction... Le gouvernement, lui, assure que l'immigration de masse est une composante importante de la croissance économique insolente de la Suisse par rapport à ses voisins européens.                   En 2013, les étrangers représentaient 23,5% (1,88 million de personnes) de la population, contre quelque 20 % avant les accords de libre-circulation avec l'Union européenne, en 2002. Actuellement, 1,25 million d'étrangers sont issus de l'Union européenne ou de l'AELE, Italiens et Allemands en tête, avec respectivement 291 000 et 284 200 ressortissants. Ils sont suivis par les Portugais (237 000) et les Français (104 000). L'an dernier la population du canton de Neuchâtel, par exemple, a progressé de 10% suite à l'arrivée massive de ressortissants portugais. A cela s'ajoute, selon l'UDC, les frontaliers, qui représentent quelque 113 000 personnes dans la région du lac Léman, 60 000 dans le Tessin et autant dans la région de Bâle.
Que dit le texte ? Le texte soumis au vote suggère que la Suisse "gère de manière autonome l'immigration des étrangers". Le nombre d'autorisations délivrées serait déterminé par des "plafonds et contingents annuels fixés en fonction des intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le respect du principe de préférence nationale". Les demandes d'autorisation de séjour tiendront compte de "la demande d'un employeur, la capacité d'intégration (du demandeur) et une source de revenus suffisante et autonome". Enfin, "aucun traité international contraire (...) ne sera conclu". Cette initiative impliquerait donc de rénégocier les accords conclus avec l'UE et l'AELE, donnant aux citoyens de leurs Etats membres un accès libre au marché du travail suisse. A l'annonce des résultats du scrutin, l'Union européenne annonce qu'elle en examinera les implications sur "l'ensemble des relations" avec Berne. Seraient concernés par l'adoption de cette initiative tous les travailleurs étrangers vivant en Suisse, mais aussi leur famille, les travailleurs frontaliers qui résident à l'étranger mais exercent un emploi en Suisse, les réfugiés et les demandeurs d'asile.

La Suisse coupée en deux

09.02.2014Avec Michel Cerutti, en direct depuis Genève
Cette victoire du "oui" est-elle une surprise ? Pourquoi ce clivage régional entre la partie alémanique, très majoritairement contre l'immigration, et la Suisse romande, à l'ouest, où l'initiative de l'UDC a été rejetée ? Quelles seront les retombées des quotas d'immigration sur l'économie et la politique étrangère de la Suisse ? Eléments de réponse avec Michel Cerutti, notre correspondant en Suisse, dans le 64' de TV5MONDE.
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Le rail et l'avortement : les autres enjeux de la votation

Conformément au système de démocratie directe qui prévaut dans la Confédération hélvétique, les Suisses votent 4 fois par an pour trancher divers sujets, d'intérêt national, cantonal ou communal. Ce dimanche 9 février, ils se prononçaient aussi sur le financement du rail par la route, adopté à une large majorité, et la suppression du remboursement de l'avortement :