L'initiative populaire "contre l'immigration de masse" émane de l'Union démocratique du centre (UDC). Ce parti issu de la droite populiste a défrayé la chronique en 2007 lors de la votation
pour le renvoi des étrangers criminels, avec des affiches montrant un mouton noir expulsé par des moutons blancs. C'est aussi lui qui, en 2009, avait fait adopter l'interdiction des minarets, "symbole apparent d'une revendication politico-religieuse du pouvoir". Non au "diktat européen" Les partisans du oui à l'initiative contre l'immigration de masse, UDC en tête, invoquent la souveraineté nationale : la Suisse ne doit pas se plier au diktat européen. L'immigration massive européenne constatée depuis 2002, arguent-ils, est la cause de nombreux problèmes dans le pays : transports en commun surchargés, pénurie de logements, criminalité, hausse du chômage (qui reste faible, à 3,5 %), hausse des prix de l'immobilier (Chaque année, l'accroissement de la population requiert une surface d'habitat et d'infrastructures de la taille de 4 448 terrains de football, avance le comité d'initiative), pression salariale à la baisse, charge pour la sécurité sociale, perte d'identité culturelle dans la conduite des entreprises, paysages défigurés par le bétonnage du secteur de la construction... Le gouvernement, lui, assure que l'immigration de masse est une composante importante de la croissance économique insolente de la Suisse par rapport à ses voisins européens. En 2013, les étrangers représentaient 23,5% (1,88 million de personnes) de la population, contre quelque 20 % avant les
accords de libre-circulation avec l'Union européenne, en 2002. Actuellement, 1,25 million d'étrangers sont issus de l'Union européenne ou de l'
AELE, Italiens et Allemands en tête, avec respectivement 291 000 et 284 200 ressortissants. Ils sont suivis par les Portugais (237 000) et les Français (104 000). L'an dernier la population du canton de Neuchâtel, par exemple, a progressé de 10% suite à l'arrivée massive de ressortissants portugais. A cela s'ajoute, selon l'UDC, les frontaliers, qui représentent quelque 113 000 personnes dans la région du lac Léman, 60 000 dans le Tessin et autant dans la région de Bâle.