Fil d'Ariane
La Syrie a mis fin à plus d'une décennie d'isolement diplomatique au sein de la Ligue arabe, des responsables ayant participé lundi à une session préparatoire avant le sommet de vendredi en Arabie saoudite.
Le président syrien Bachar el-Assad recevait des dirigeants de la Ligue Arabe à Damas, le 26 février 2023, pour parler de l'escalade des tensions au Soudan.
"Bienvenue à la République arabe syrienne au sein de la Ligue des Etats arabes", a déclaré le ministre saoudien des Finances, Mohammed Al-Jadaan, lors de la réunion à Jeddah, retransmise en direct par la chaîne de télévision publique Al-Ekhbariya.
C'est la première fois que des responsables syriens participent à une réunion de la Ligue arabe depuis novembre 2011, lorsque l'organisation panarabe avait suspendu le régime du président Bachar al-Assad, en raison de la répression violente de manifestations qui ont dégénéré en un conflit qui a fait plus de 500 000 morts et des millions de déplacés.
Dans un contexte régional de rapprochements diplomatiques, la Ligue a réintégré le régime syrien le 7 mai dernier.
Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, avait invité le 10 mai le président syrien à participer au sommet annuel qui se tiendra vendredi dans la ville côtière de Jeddah, sur la mer Rouge. Il s'agit de sa première participation depuis 2010, lorsque le sommet avait eu lieu en Libye.
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Les capitales régionales se sont peu à peu rapprochées de M. Assad, qui s'est maintenu au pouvoir et a récupéré des territoires perdus avec le soutien crucial de l'Iran et de la Russie, bien que de vastes régions du nord de la Syrie échappent toujours au contrôle du gouvernement.
En avril, des diplomates de neuf pays arabes avaient discuté en Arabie saoudite de la crise syrienne, et cinq ministres des Affaires étrangères de la région, incluant celui de la Syrie, s'étaient alors réunis en Jordanie début mai.
Les Émirats arabes unis, qui ont rétabli leurs liens avec la Syrie en 2018, ont été très actifs pour réintégrer Damas dans la Ligue. L'activité diplomatique a notamment repris après le séisme meurtrier qui a frappé la Syrie et la Turquie le 6 février.
Ryad, qui a coupé les ponts avec le gouvernement syrien en 2012, a confirmé la semaine dernière que le travail reprendrait dans les missions diplomatiques en Syrie et en Arabie saoudite. Toutefois, certains pays se sont montrés réticents à renouer des liens avec M. Assad, notamment le Qatar, qui a indiqué qu'il ne normaliserait pas ses relations avec le gouvernement syrien.
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Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré lundi que le retour de la Syrie pourrait raviver "le principe de la solidarité arabe", selon une déclaration de son adjoint, le numéro deux de l'organisation, Hossam Zaki.
Mais "l'atmosphère positive", générée par la fin de certains différends, "ne doit pas nous détourner de la réalité à laquelle la région arabe assiste depuis des années, à savoir l'accumulation et la succession de graves défis", a souligné M. Aboul Gheit.
Parmi ces défis, a-t-il ajouté, figure "une nouvelle vague" de migration, référence probable à la guerre qui sévit depuis un mois au Soudan, qui a poussé près de 200.000 personnes à fuir le pays et en a déplacé des centaines de milliers d'autres. Le conflit devrait être l'un des principaux sujets abordés vendredi lors du sommet.
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Un haut responsable de la diplomatie saoudienne avait indiqué la semaine dernière à l'AFP que le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée soudanaise et un des deux belligérants au cœur du conflit, avait été invité au sommet des chefs d'Etat de la Ligue arabe, sans pouvoir préciser qui représenterait le Soudan à cette réunion.
Des représentants de M. Burhane et de son adversaire, le général Mohamed Hamdane Daglo, des Forces de soutien rapide (FSR), sont à Jeddah depuis plus d'une semaine pour des pourparlers sous l'égide de l'Arabie saoudite et les Etats-Unis.