La Syrie, terrain de guerre des pirates du web

Qu’ils soient du côté du régime ou du côté des rebelles, les hackers se sont invités sur le champ de bataille depuis le printemps arabe, notamment. La révolte syrienne ne fait pas exception : Bachar al-Assad tente de museler la presse et la révolte par ordinateur interposé.
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La Syrie, terrain de guerre des pirates du web
Le groupe de cyber-activictes Anonymous affirme avoir hacké un des sites du gouvernent syrien.
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L’armée électronique de Bachar al-Assad a encore frappé. Le site internet de la chaîne d'information en continu des Emirats arabes unis, Al Arabiya, a été hacké. Le soir du 23 avril, de faux articles ont été publiés sur la une du site internet de la chaîne.  Le premier annonçait que le Premier ministre du Qatar avait été évincé. Il a été suivi par un autre où on signalait l’explosion d’un gazoduc, faisant des dizaines de victimes, toujours au Qatar.     Alors que ces informations se propageaient à vitesse grand V, un blogueur de la chaîne concurrente Al Jazeera a mis fin aux rumeurs. C’est ce même blogueur qui a révélé que des comptes twitter d’Al Arabiya avaient été également piratées. Tout comme leur comptes Facebook et YouTube. Le régime de Bachar a ainsi puni le travail journalistique de la chaîne.  Elle a fait le choix d’ignorer la censure et de diffuser des articles sur la révolte syrienne.  La cyber-armée de Bachar ne fait que récidiver. Le Huffington Post rapporte que le signal de la chaîne est souvent brouillé. Le piratage de ses réseaux sociaux est monnaie courante. "C’est le travail de professionnels. On sait d’avance qu’on sera les victimes de nouvelles cyber attaques", a raconté le porte-parole officiel du groupe MBC, propriétaire de la chaîne, au site internet britannique.   La chaîne concurrente Al Jazeera a eu droit au même traitement en janvier dernier.  Les pirates du net visaient le blog qui raconte en continu les événement en Syrie. La chaîne qatarie avait dû faire face aux même difficultés lors du printemps arabe égyptien avec le régime d’Hosni Moubarak.  

Hackers contre hackers

La Syrie, terrain de guerre des pirates du web
Les chaînes d’information redoublent d'efforts pour se protéger contre ces attaques. Le régime de Bachar al-Assad -victime à plusieurs reprises des attaques des cyber activistes- fait de même. L’exploit le plus retentissant reste le piratage des comptes mail des époux Assad. En lisant leur courriers électroniques, on apprend que le couple commande sur internet des chaussures de luxe et la biographie de Steve Jobs alors que son armée pilonne Homs. Al-Dunya, un site d’informations pro Bachar avait été également hacké. Et les attaques ne s’arrêtent pas là. Les désormais célèbres Anonymous et le groupe RévoluSec ont piraté plusieurs sites des gouvernements locaux syriens. Sur l’accueil des sites comme celui du ministre de l’Agriculture ou des transports, les hackers avaient laissé ce message qu’ils ont complété de petits tuyaux pour aider les internautes à se protéger des offensives de l’armée électronique du régime : "Ne permettez pas que Bachar vous surveille sur Internet".

Les rebelles se cyber-arment

La Syrie, terrain de guerre des pirates du web
Le logo des Telecomix.
Les cyber activistes font plus que laisser de petits messages. Les Telecomix aident les rebelles à déjouer la cyber-censure en fournissant des connections sécurisées, par exemple. Les rebelles peuvent ainsi publier des textes, vidéos et photos visibles par le monde entier. Des informations particulièrement utiles, surtout au moment où les journalistes étaient complétement absents.  Ces hacktivistes  avaient mené le même combat en Tunisie et en Egypte.  De leur côté, les dissidents du régime de Bachar Al-Assad ont formé leur propre cyber-armée. Elle est constituée en partie de militaires qui ont tourné le dos au pouvoir.  En dépit des efforts des rebelles sur la toile comme sur le terrain et le soutien des hackers, le dirigeant syrien s’accroche au pouvoir. Les Nations unies estiment qu’au moins 11 000 personnes sont mortes depuis le début de la révolte en mars 2011. Le régime continue de violer la trêve qu'il avait promise malgré la présence de quelques observateurs. Toute intervention militaire des forces internationales est exclue pour l’instant.