L'affaire Dominique Strauss-Kahn

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L'affaire Dominique Strauss-Kahn
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Arrêté le 14 mai 2011 dans un avion qui s'apprêtait à décoller pour Paris après avoir été accusé de crimes sexuels (dont tentative de viol et séquestration) par Nafissatou Diallo, une femme de chambre de l'hôtel Sofitel de Manhattan, l'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a toujours plaidé non-coupable. Le 10 décembre 2012, le tribunal du Bronx a refermé le dossier par un accord financier entre les deux protagonistes, dont le montant reste secret, mais estimé à plusieurs millions de dollars. Et on ne saura jamais ce qui s'est passé dans la 2806 de ce palace new-yorkais. La justice new-yorkaise a ordonné fin août l'abandon de toutes les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn, libre de quitter les Etats-Unis après trois mois d'une extraordinaire saga judiciaire qui a fait dérailler ses ambitions présidentielles et l'a obligé à quitter le FMI. Le procureur-adjoint Joan Illuzzi-Orbon avait alors énoncé que la femme de chambre qui accusait DSK de l'avoir sexuellement agressée le 14 mai, avait menti à plusieurs reprises aux enquêteurs, principalement sur des événements extérieurs à l'affaire, mais aussi sur le déroulé des faits incriminés, et que dans ce contexte, elle ne pouvait pas être un témoin crédible dans un procès. Kenneth Thompson, l'avocat de Nafissatou Diallo avait dénoncé un procureur abandonnant "une femme innocente" et lui refusant "le droit à la justice dans une affaire de viol". L'abandon de toutes les charges met fin à la procédure pénale mais DSK n'en avait cependant pas complètement fini avec la justice américaine : les avocats de Mme Diallo avaient lancé début août 2011 une procédure civile, devant un tribunal du Bronx pour obtenir des dommages et intérêts. Procédure qu'ont tenté en vain d'enrayer ses avocats américains en arguant de son immunité diplomatique, puisque il était alors, encore à cette date du 14 mai, patron du FMI. En novembre 2012, à la veille d'une nouvelle audience devant la Cour suprême de l'Etat de New York, le New York Times révélait qu'une "conciliation" était en cours, pour un montant de 6 millions de dollars devant être versés à Nafissatou Diallo. À son retour en France, l'ex candidat à la présidentielle 2012, était attendu par d'autres accusations de tentative de viol, celles de l'écrivaine journaliste Tristane Banon, lors d'une rencontre pour un entretien en 2003. Dans un entretien télévisé en France, Dominique Strauss-Kahn a réfuté une nouvelle fois toutes ces accusations, tout en reconnaissant une relation inappropriée avec Nafissatou Diallo à New York, et une tentative de baiser avec Tristane Banon à Paris. Interrogée à son tour, après une confrontation devant la police judiciaire, par la même chaîne de télévision, Tristane Banon a réitéré ses accusations, et s'est montrée déterminée à aller jusqu'au bout. La justice française a décidé le 14 octobre 2011 de ne pas poursuivre en raison de la difficulté à prouver un viol. Mais la décision du parquet mentionne que l'agression sexuelle est avérée, un délit prescrit, en ces termes : "il ressort que si faute d’éléments de preuve suffisants, les poursuites ne peuvent être engagées du chef de tentative de viol, des faits pouvant être qualifiés d’agression sexuelle sont quant à eux reconnus". Une autre enquête attendait aussi DSK en France, celle de faits de proxénétisme au Carlton Lille, un grand hôtel de la métropole du Nord de la France, où il a participé à des soirées échangistes avec des prostituées. L'enquête n'a pas encore déterminé si l'homme politique avait ou non connaissance de la rémunération des femmes et s'il pouvait être accusé de complicité de proxénétisme. En attendant de comparaître dans un éventuel procès, la juridiction de Douai (Nord) a décidé le 19 décembre 2012 que Dominique Strauss-Kahn restait inculpé dans ce dossier.

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