Où en est l'Allemagne de la sortie du nucléaire ? G. Duval : Pour l'instant, la transition se passe bien. Huit réacteurs ont déjà été arrêtés, sans que l'Allemagne ne connaisse de black-out ou d'autre revers. Elle a même réussi, l'an dernier, à battre son record d'exportation d'électricité (23 TWh d'électricité exportées, contre 6,3 TWh en 2011, ndlr) notamment vers la France, où, quand tout le monde utilise le chauffage électrique, en hiver, le nucléaire ne suffit plus... Certes, il arrive que l'Allemagne achète de l'électricité produite par les centrales nucléaires françaises, mais globalement, le bilan est positif pour l'Allemagne. On a beaucoup parlé du retour au charbon pour compenser la sortie du nucléaire... G. Duval : Le plus gros de l'électricité produite en Allemagne reste issu du charbon et de la lignite - c'est une spécificité allemande. De fait, il reste d'importants gisements de ces combustibles fossiles, en particulier sur le territoire d'ex-Allemagne de l'Est ; en revanche, l'exploitation a quasiment cessé dans la Ruhr. Pour autant,
on ne peut pas parler de transition par le charbon. Les Allemands prévoient de poursuivre leur transition énergétique au profit des énergies renouvelables, tout en renonçant parallèlement à recourir au nucléaire. Si certaines capacités ont été réactivées pour faire face à la demande, par exemple l'hiver dernier, qui a été très froid, la fermeture de très nombreuses centrales à charbon est programmée pour les prochaines années, sans qu'elles soient remplacées. Pour quoi les Allemands consomment-ils moins d'électricité ? Un ménage allemand consomme en moyenne 25 % d'électricité en moins qu'un ménage français. Globalement parce qu'il y a beaucoup moins de gaspillage, mais aussi parce que l'électricité est beaucoup plus chère en Allemagne. Car si les prix d'achat baissent sur le marché journalier du fait de la surproduction, ceux qui sont imposés aux clients sont plutôt à la hausse, pour financer les subventions. C'est un problème politique : les politiques de subventions aux énergies renouvelables coûtent très chères, certes, mais elles se sont révélées efficaces et ont donné un avantage compétitif considérable à l'industrie allemande dans ce domaine. Revers de la médaille : une électricité presque deux fois plus chère en Allemagne qu'en France. C'est un vrai débat Outre-Rhin. Cela mis à part, la transition est réussie.