En 2012, l'Allemagne a enregistré la plus forte progression migratoire depuis 1995. Le nombre d'
immigrants d'Europe du Sud a bondi de 40 %. Or en Grèce, en Espagne ou au Portugal,
la crise économique n'épargne pas les jeunes diplômés. Se dirige-t-on vers une
fuite des cerveaux, dont l'Allemagne serait la première bénéficiaire ? "Non, répond Guillaume Klossa. La majorité des jeunes diplômés restent encore en Espagne, au Portugal ou en Grèce. Ceux qui partent, de toute façon, ne trouvent pas à s'employer dans leur pays. En revanche, ils ont besoin d'être utilisés pour ne pas se dévaloriser sur le marché du travail. Alors s'ils peuvent trouver, dans l'Union, un environnement comme l'Allemagne, où s'épanouir et gagner en compétence, tout le monde y gagne."
L'assimilation n'est pas toujours facile. Les immigrants extrêmement spécialisés, qui répondent à des offres de haut niveau, ont plus de facilité à s'intégrer que ceux qui doivent se contenter de petits boulots, s'exposant à une forme de précarité. "C'est ainsi que cela se passe aux États-Unis aussi, remarque Guillaume Klossa. Tout dépend de la capacité de rebond vers des jobs à plus forte valeur ajoutée."
Contrairement à certains Espagnols qui s'installent durablement en Amérique latine, ou aux Portugais au Brésil, la plupart des jeunes qui tentent leur chance en Allemagne rentreront dans leur pays au bout de quelques années. "Nous assistons à une immigration opportuniste, dit Guillaume Klossa, mais qui sert l'intérêt européen, puisque l'économie allemande, elle aussi, ralentit et que le pays a besoin de compétences extérieures pour faire face à sa problématique démographique - encore faut-il que ces
compétences soient adaptées au marché."
Opportunisme ?
La montée en qualité et en puissance de l'enseignement universitaire dans toute l'Europe ces vingt dernières années, à commencer par les pays du Sud - notamment grâce au
processus de Bologne et au
programme Erasmus - permet de satisfaire les besoins de l'Allemagne dans les domaines de la recherche, du design, du marketing... "Voilà qui s'inscrit dans le droit fil de la dynamique européenne, s'exclame Guillaume Klossa. L'Europe ne peut fonctionner que s'il y a de la mobilité. Sinon, le marché intérieur n'a pas de sens. Solidarité et mobilité sont les maîtres mots de la gestion de crise. Et cela passe aussi par la mobilité des personnes."