Fil d'Ariane
Pour sa rentrée 2016, alors que la conférence internationale sur le climat de Paris est à l'ordre du jour, Larousse met l'accent sur l'environnement, avec des termes comme "durabilité" ou "électrosensibilité".
Dans le Robert, les mots de l'écologie sont un peu plus contestataires. L'emblématique "zadiste", qui s'est fait connaître en empêchant la construction d'un aéroport ou d'un barrage, entre au dictionnaire avec la ZAD, acronyme de "zone à défendre". Le Robert accueille aussi les "décroissants", les "climatosceptiques" et l'expression "décarboner", tandis que le mot "déchétarien" acquiert droit de cité : "personne qui se nourrit d'aliments de rebut".
Font aussi leurs débuts des termes décrivant des phénomènes de sociétés récents, comme "covoiturer" qui, comme tous les mots en co-, témoignent de l'adaptation de la société aux problèmes économiques, écologiques et démographiques.
Côté cuisine, le Robert s'ouvre sur le monde avec la courge "butternut", le steak écossais "angus", le citronnier du Japon "yuzu", le "cari" et le "biryani" indiens, et la focaccia italienne. Larousse a retenu la tomate "coeur-de-boeuf", qui conviendra sans doute aussi bien aux "crudivores", qu'aux "végan". Les baies de "goji" et le "guar" pourraient, eux, plaire aux amateurs de "bistronomie", à moins qu'ils ne trouvent une utilisation en cuisine "moléculaire".
Ceux-là correspondent à des réalités venues du monde anglophone, souvent issues des nouvelles technologies, comme "community manager", ou encore "bitcoin" et "big data", intronisés à la fois par les deux dictionnaires.
Parmi les nouveaux-venus, il en est qui consacrent l'atmosphère politique pesante qui règne dans l'Hegaxone depuis quelques années. Le mot 2016 pourrait être "clivant" pour certains, la "lose" pour d'autres. A moins que "dédiabolisation" ou "rétropédaler", intégrés par Larousse, ne prennent le dessus. Le Robert, lui, cède au "déclinisme", et au "court-termisme", et rencontre des "nonistes" et des "suprémacistes".
La francophonie livre quelques pépites : en Suisse, "chneuquer" signifie "fouiller, fouiner", tandis que le sympathique "siester", pour "faire la sieste", arrive d'Afrique. Au carrefour des mondes anglophones et francophones, le québécois propose "l'égoportrait" en lieu et place du "selfie".
Du côté des "noms propres", Larousse accueille le roi du street art britannique Banksy, , la jeune Pakistanaise lauréate du prix Nobel de la Paix Malala Yousafsai, le philosophe français Bernard Henri-Lévy ou le pionnier de l'agroécologie Pierre Rabhi, parmi une cinquantaine d'autres noms.
Le Robert, lui, colle à l'actualité avec Daesh, l'acronyme arabe de l'Etat islamique ; Kobané, la ville kurde théâtre de violents combats au nord de la Syrie ; Felipe VI, le nouveau roi d'Espagne ; le chef du gouvernement italien Matteo Renzi et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Serge July ,le fondateur de Libération est cité, ainsi que Charlie Hebdo et ses dessinateurs décédés dans l'attentat du 7 janvier, Cabu et Charb.
Les deux principaux dictionnaires français déploient une stratégie numérique approchante. Le Robert propose une clé d'accès numérique à une version en téléchargement, une version en ligne par abonnement et une "appli" Ipad.
Quant à l'incontournable Laousse, il propose une carte d'activation donnant accès à 80 000 mots, 9 600 verbes conjugués et 200 vidéos tirées des archives de l'INA sur les moments marquants du XXe siècle. La nouveauté 2016 : une carte multimédia donnant accès aux ressources "jusqu'au 1er janvier 2018 avec des mises à jour régulières", précise Larousse.