"Fausse bonne idée", "chacun son métier" : les critiques ont fusé contre Eric Cantona durant une semaine. L'ancien footballeur a pris la tête - presque malgré lui -, d'un mouvement contre les banques. Dans une
interview diffusée sur internet (et enregistrée début octobre), l'ex-star du ballon rond appelait les consommateurs à retirer leur argent des banques pour provoquer une chute du système. En à peine deux mois plus tard, un mouvement à la progression exponentielle a essaimé sur internet pour relayer cet
appel. Et une date avait même été fixée : le 7 décembre 2010. Si les railleries étaient de mises dans le secteur financier, beaucoup d'établissements croisaient les doigts pour que cet appel ne soit pas entendu. Et effectivement, il ne l'a pas été, autant pour des raisons pratiques que psychologiques. Cantona pour sa part, a été modérément fidèle à son engagement. Il s'est rendu à un guichet picard, à Péronne, pour y retirer une somme symbolique.
UN EFFONDREMENT DES BANQUES EST-IL POSSIBLE ? Dans son interview filmée, Eric Cantona affirmait que "s'il y a 20 millions de gens qui retirent leur argent, le système s'écroule". Les économistes confirment : si effectivement un tel nombre de clients ferment leur compte en banque dans un laps de temps très court, les établissements financiers n'auront pas suffisamment de liquidités pour répondre à la demande. (270 milliards d'euros sont déposés sur les comptes courants en France). Mais dans le cas de l'appel de Cantona, quelques 60 000 internautes avaient répondu présents. Pas assez pour faire trembler la finance. La grande majorité des analystes s'accordent à dire que si 60 000 personnes retiraient leur agent, cela n'aurait pas d'impact : ces retraits s'étaleraient sur les 40 000 agences bancaires réparties en France et les montants resteraient modiques pour des raisons pratiques : les banques françaises exigent en général d'être prévenues plusieurs jours à l'avance pour de gros retraits.
LA MENACE D'UN "BANK RUN" En revanche, ce que peuvent craindre les banques, si une nouvelle opération de ce genre était menée à terme, c'est une "panique bancaire" (ou "bank run"). Un phénomène associé à la crise de 1929 qui ne s'est que rarement produit : en Russie en 1998, en Argentine en 2001 ou pendant la crise financière de 2008 en Grande Bretagne avec Northern Rock. À chaque fois, des milliers d'épargnants ont fait la queue devant les agences, craignant la faillite de leur banque, pour retirer leurs dépôts. Les établissements se retrouvant en conséquence à cours de liquidités, elle n'étaient plus capables de rendre leurs dépôts à leurs clients.