Fil d'Ariane
Privé de pavillon par Gibraltar, puis par le Panama, l'Aquarius, qui avait commencé ses opérations de sauvetage au large de la Libye en février 2016, est bloqué à Marseille depuis début octobre dans l'attente d'un registre où s'inscrire. La semaine dernière Berne lui avait refusé le pavillon suisse. Le navire humanitaire restera définitivement à quai. "Il est préférable, malheureusement, face aux obstacles, de concentrer toute notre énergie sur la recherche d'un nouveau bateau pour repartir au plus vite. Nous sommes en discussion avec des armateurs et étudions plusieurs possibilités," explique Sophie Beau, directrice de SOS Méditerranée France.
Renoncer à l'Aquarius a été une décision extrêmement difficile à prendre.
Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée
Frédéric Penard déplore également "les attaques incessantes dont le navire et ses équipes ont fait l'objet". Mais pas question, pour SOS Méditeranée, de renoncer à ses opérations de sauvetage. Pour l'heure, toutefois, il n'y a plus aucun bateau dédié au secours en mer Méditerranée, selon MSF, qui fait état de 2 133 personnes décédées en Méditerranée depuis le début de l'année et accuse les gouvernements européens d'avoir "contribué à ces événements tragiques en soutenant les garde-côtes libyens pour intercepter les personnes en mer".
Depuis sa mise en service, l'Aquarius n'a cessé de se heurter à de nombreux obstacles. L'été dernier, sous l'impulsion du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, l'Italie lui interdit l'accès à ses "ports". Débute une semaine d'errance en mer à la recherche d'un pays acceptant d'accueillir les 630 migrants qui se trouvent à bord. L'Espagne acceptera finalement que le bateau accoste. Une petite porte ouverte qui ne résoudra pas la crise diplomatique autour de l'accueil des migrants que l'Union Européenne s'avère incapable de gérer.
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Fin novembre, nouveau coup dur : la justice italienne demande le placement sous séquestre du navire pour une affaire de traitement illégal de déchets. Des accusations infondées, déplore SOS Méditerrannée, qui déplore "dix-huit mois de criminalisation, de décrédibilisation et de diffamation contre les ONG de recherche et de sauvetage" ayant pour résultat d'"encore davantage fragiliser les capacités de sauvetage en mer".
Médecins sans frontières assure qu'"aussi longtemps que des gens souffriront en Libye", l'organisation "cherchera des moyens de leur porter secours. Aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin du soutien de tous les citoyens qui croient encore en nos valeurs d'humanité en mer et désirent concourir à nos efforts pour trouver un nouveau navire et un nouveau pavillon", confirme Sophie Beau, directrice de SOS Méditerranée France