Fil d'Ariane
Le changement climatique est plus rapide dans l’Arctique. Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), ce réchauffement est près de deux fois plus rapide dans cette région que la moyenne mondiale. Ce phénomène est particulièrement inquiétant, puisque la fonte des glaciers de l’Arctique entrainerait de nombreuses conséquences négatives à l’échelle de la région, comme pour le reste de la planète. 8 mois avant la COP21 de Paris en décembre 2015, les gouvernements français et norvégiens appellent à une coopération internationale renforcée et tirent la sonnette d’alarme.
C’est Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères français qui a ouvert cette journée-débat sur le réchauffement climatique centrée sur l’Arctique. Le ministre a insisté sur la nécessité et la volonté des Etats, dont la France et la Norvège de s’engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Laurent Fabius a aussi insisté sur la coopération internationale et les engagements qui doivent être pris, selon lui, lors de la grande conférence sur le climat à Paris (COP21) en décembre 2015. Cette conférence que la France a pu organiser, puisque étant la seule en lice, comme l’a ironiquement rappelé le ministre.
Le ministre des Affaires étrangères du Royaume de Norvège, Borge Brende, a quant à lui, énoncé la grande priorité de son pays face aux changement à venir que son pays aura à gérer si le réchauffement climatique continue dans le Grand nord : celle de faire baisser de 40% les émission de gaz à effet de serre de la Norvège d’ici à 2030. Les impacts du réchauffement précoce sur un pays comme la Norvège sont nombreux, et avant tout humains : de nouvelles routes sont ouvertes et les 10% de la population norvégienne vivant en Arctique doivent s’adapter à des bouleversements de leur cadre de vie. L’exploitation d’hydrocarbures grâce à la fonte des glaces, ou encore la fonte du permafrost activant un relâchement massif de méthane dans l’atmosphère sont autant de problématiques nouvelles qui risquent d’apparaître, selon le ministre. Le prince Albert II de Monaco a conclu les discours d’ouverture en énonçant trois leviers pour lutter contre le changement climatique : l’action internationale, les entreprises (agissant pour une économie décarbonée), et la recherche scientifique (pour contrer, atténuer et adapter les activités humaines). « L’Arctique est une sorte de laboratoire ou il faut inventer de nouveaux modèles, politiques et économiques, pour instaurer un développement respectueux de la nature » a conclu Albert II de Monaco.
La présentation du webdocumentaire « 79° Nord, Au cœur du dérèglement climatique » , du photographe Frédéric de la Mure a permis au public de la journée-débat de mieux appréhender les enjeux du dérèglement climatique en cours dans l’Arctique. Ce web-documentaire est consultable en ligne (http://webdocs.diplomatie.gouv.fr/79nord/).
Les explications de scientifiques, telles celles de la climatologue experte au GIEC, Valérie Masson-Delmotte et Helge Drange, professeur de l'université de Bergen, sur les variations des températures au cours du temps en Arctique amènent à mieux comprendre la possibilité pour l’homme de sauver la glace polaire du Grand nord… ou non. Des scénarios pessimistes, avec une augmentation des rejets de gaz à effet de serre mèneront à la fonte des glaciers, l’augmentation du niveau des mers, alors qu’une diminution ou un arrêt des rejets pourrait permettre d’empêcher cette fonte à l’horizon de 2080.
Les différentes missions scientifiques basées dans le cercle arctique continuent d’alerter sur les effets du dérèglement climatique en cours, qui — si elles affectent déjà directement cette région de plus en plus fragilisée — vont à terme toucher l’ensemble de la planète. Il manque encore des données hivernales, et des « forçages naturels » (réchauffement naturel) sont notés pour expliquer cette accélération du réchauffement dans l’Arctique, avec par exemple une diminution de l’épaisseur de la glace de la banquise de l’orde de 22% par décade depuis une trentaine d’années.
L’acidification de l’océan arctique, la sécurité humaine de plus en plus faible, la disparition de certaines espèces et d’écosystèmes dans leur intégralité, sont autant de sujets inquiétants qui doivent interpeller l’ensemble du monde : si l’Arctique est le premier menacé, c’est à sa suite une grande partie du globe qui pourrait subir les conséquences de la fonte de ses glaces et de sa modification sous l’effet du dérèglement climatique.
La journée-débat de ce 17 mars a été une occasion de sensibiliser aux problématiques du cercle arctique pour un public venu nombreux, et dans le même temps, de rappeler les enjeux de la COP21 de Paris.
Reste désormais à savoir si les pays y participant auront à cœur ou non de suivre les préconisations retenues par les intervenants de cette journée. Si l’Arctique est une sentinelle, elle doit alors alerter…