Laurent Maffre : Ce qui m'amusait en débutant dans les terrains vagues de Nanterre, c'était que le lecteur se sente comme les personnages, perdu.
Dans la scène de l'aéroport d'Orly, la famille vient d'arriver. Elle a un tas de représentations sur ce qu'elle croit être la France. Par exemple, les enfants croient encore qu'ils vont habiter dans des immeubles haussmaniens en plein coeur de Paris.
Si on veut comprendre leur désillusion et leur déception, si on veut comprendre ce que ça leur fait de passer d'Orly au périphérique, puis de traverser Paris jusqu'aux terrains vagues de Nanterre, il faut que le lecteur connaisse déjà un peu le sujet.
Du coup, si j'ai choisi de placer cette scène de l'aéroport 70 pages plus loin dans la BD, c'est qu'à ce moment-là, le lecteur a compris que le père travestissait la réalité parisienne à sa femme et ses enfants et qu'en Algérie ils vivaient dans de bonnes conditions. Il me semble qu'ainsi la scène est plus forte.