En ce jeudi 15 août, la cour de Los Angeles a annoncé la sentence de Christian Gerhartsreiter, un imposteur de talent reconnu coupable d'un double meurtre, il y a plus de trente ans. A cette occasion, retour sur l'histoire de quelques usurpateurs de ces derniers temps.
C'est une imposture qui aura duré presque trente ans. Front dégarni, lèvres légèrement pincées et fines lunettes ovales, Christian Gerhartsreiter, alias Clark Rockefeller ou Christophe Chichester, a 52 ans. Le 15 août dernier, il apprend qu'il est condamné à 27 ans de prison minimum, pour le double meurtre en 1985 du propriétaire de son logement et de son épouse.
En 1985 justement, cet Allemand débarqué quelques années plus tôt aux Etats-Unis, loue la maison d'un dénommé John Sohus, en Californie, sous un nom d'emprunt. Il disparait le même jour que John Sohus et son épouse. Le corps du jeune propriétaire est retrouvé neuf ans plus tard, découpé en morceaux dans son jardin. Celui de sa dulcinée reste introuvable à ce jour. Christian Gerhartsreiter, lui, devient producteur de films et change de nom. En 1988 il vend une voiture à un ami, étudiant en cinéma. C'est celle de John Sohus.
La police est en alerte, il lui faut disparaître. Il rechange d'identité, devient un héritier orphelin et délaissé de la grande famille pétrolière américaine des Rockefeller. Il se marie en 1995 avec une diplômée d'Harvard, Sandra Boss. Ils ont une petite fille. Quand cette dernière est âgée de sept ans, Sandra Boss quitte son mari, convaincue qu'il est un imposteur. Son refus d'avoir une carte bancaire, de prendre l'avion ou de se rendre en Californie et dans le Connecticut - Etat dans lequel il avait vendu la voiture de John Sohus -, l'ont rendue suspicieuse. Il décide d'enlever sa fille, se démasque par la même occasion. L'imposteur aux identités multiples est donc reconnu coupable, mais aucune preuve matérielle n'a pu être retenue contre lui (lien en anglais). Pas trace d'ADN, ni d'empreintes digitales. Seulement un faisceau de coïncidences troublantes.
L'image a fait le tour du monde. Le 23 juillet, un crieur vêtu d'un costume rouge et or et d'un lourd chapeau à plumes, tout droit sorti du XVIe siècle, s'avance devant l'hôpital St Mary's où vient d'accoucher Kate Middleton. Tout le monde croit qu'il appartient au protocole royal. Et pourtant. Le crieur, Tony Appleton, travaille à 50 km de là, à Romford. Une usurpation qu'il dit n'avoir pas programmée, malgré un tweet ambigüe la veille.
Plusieurs imposteurs ont vu leur histoire portée à l'écran. En 2002, Catch me if you can oblige un Tom Hanks du FBI à courir après un Leonardo di Caprio tantôt pilote de ligne tantôt médecin ou avocat. Il use de faux chèques de la Pan Am : dans les années 1960 un jeune faussaire, Frank Abagnale, détourne 2,5 millions de dollars en cinq ans. Un séjour en prison puis il travaille pour le FBI, et fonde une société de sécurité des documents.
En 2009, c'est l'histoire du Français Philippe Berre qui est mise en scène dans A l'origine de Xavier Giannoli. Condamné en tout 19 fois pour escroquerie ou abus de confiance, il décide en 1997 de lancer le chantier d'une autoroute de l'Ouest de la France, dirige les ouvriers pendant douze jours à grand renfort de matériel impayé. Après le film, en 2010, il se fait passer pour un fonctionnaire du ministère de l'Agriculture pour diriger l'aide à une commune dévastée par la tempête Xynthia.
Capture d'écran d'une émission de la chaîne portugaise Tvi24
Spécialiste
Artur Baptista da Silva est orné de nombreux titres, dont professeur d'économie sociale au Milton College et membre du Programme des Nations unies pour le développement à propos de la crise de la dette dans les pays du sud de l'Europe. Dans ce CV mirobolant, tout est faux. Il passe pourtant dans de nombreux médias pour critiquer la politique d'austérité de Lisbonne. En décembre 2012, la chaîne de télévision portugaise Tvi24 révèle son identité. En fait, il sort de prison.