"Il faut dire, en particulier aux Russes, que la souveraineté de chaque pays doit être respectée. Nous respectons la souveraineté russe, les Russes doivent respecter la souveraineté ukrainienne." Interviewé dans le 64' minutes de TV5MONDE ce dimanche 27 avril 2014, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, s'est longuement exprimé sur la situation "très inquiétante" dans l'Est de l'Ukraine (
voir notre dossier).
Alors que des observateurs de l'OSCE et trois officiers ukrainiens sont toujours retenus à Slaviansk par des séparatistes pro-russes, le ministre français lance "un appel à la désescalade, seule voie raisonnable" dans l'Est du pays en vue de l'élection présidentielle du 25 mai, et souhaite "une nouvelle Constitution". L'avenir du pays tient-il dans une décentralisation, voire une fédéralisation ? "Oui. Cela ne veut pas dire un démembrement, mais il faut, en discussion avec la population, qu'il y ait, je ne sais pas quel est le mot, une décentralisation ou une certaine fédération qui prenne en compte la diversité des régions."
De retour d'un voyage officiel en Moldavie (
lire notre article sur la Transnistrie) et en Géorgie, effectué avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier du 23 au 25 avril, le ministre estime que "ce n'est pas parce que ces deux pays ont de bonnes relations avec l'Union européenne, qu'elles doivent avoir de mauvaises relations avec la Russie."
Mali et Centrafrique
En 2013, la France est intervenue militairement en Afrique : au Mali et en République centrafricaine (retrouver nos dossiers sur
le Mali et
la Centrafrique). Laurent Fabius estime qu'au Mali, "si l'on veut éviter la répétition de ce qui s'est passé, il faut qu'il y ait une discussion entre le gouvernement et la diversité des populations du Nord. (...) Je sais que cela prend du temps."
En Centrafrique, le ministre considère que "la situation reste très difficile. On a évité ce qu'il faudrait appeler quasiment un génocide, mais les tensions restent très fortes entre d'un côté les chrétiens et de l'autres les musulmans", et rappelle qu'il y a dans le pays "un problème humanitaire considérable".
La France a-t-elle du mal à convaincre l'Union européenne de la suivre dans ces opérations ? "Il y a vingt-huit pays en Europe, pas qu'un, la France. Nous essayons de convaincre nos partenaires. Nous y arrivons souvent, pas toujours. Ce n'est pas simplement l'Afrique qui est en jeu, c'est nous-même."
Réfugiés et otages
La crise syrienne est également évoquée dans cet entretien. Depuis plus de trois ans, elle provoque la fuite de Syriens hors de leur pays. Sur trois millions de réfugiés, certains résident en France, parfois dans des conditions très précaires (
lire le témoignage de Waleed, venu de Homs à Paris).
Quatre journalistes français, qui avaient été pris en otage dans ce pays, ont pour leur part été libérés le 19 avril dernier. Selon l'hebdomadaire allemand Focus, 18 millions de dollars auraient été versés pour cette libération. "C'est faux. Je confirme que c'est faux. Le président de la République et moi-même avons eu l'occasion de dire que l'Etat français n'a versé aucun argent, c'est une information qui est sans aucun fondement", a martelé le ministre.
Diplomaties économique et climatique
Depuis le remaniement du gouvernement français début avril (
lire notre article), le Quai d'Orsay a récupéré dans son portefeuille ministériel le commerce extérieur et le tourisme. Le réseau diplomatique français doit, selon Laurent Fabius, "aider nos entreprises à être plus présentes à l'étranger".
L'an prochain, en 2015, Paris accueillera la conférence, "fondamentale", sur le climat. De nouvelles orientations internationales devraient y être décidées pour limiter l'impact du réchauffement climatique. "Il faut préparer la diplomatie pour qu'on arrive à un résultat positif." Alors, Laurent Fabius, ministre de la diplomatie globale ? "Oui, exactement."