Le Canada ouvrira ses portes aux réfugiés ukrainiens

Le gouvernement fédéral canadien de Justin Trudeau veut rendre l'accueil de réfugiés ukrainiens plus simple et plus rapide grâce à une autorisation de déplacement d'urgence ou par le biais du regroupement familial dans un pays qui compte la deuxième plus grande diaspora ukrainienne au monde après la Russie.
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réfugiés ukrainiens en Pologne
Des réfugiés ukrainiens font la queue pour monter dans un autocar à Medyka, en Pologne, le  4 mars 2022.
(AP Photo/Markus Schreiber)
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Le gouvernement Trudeau met en place deux initiatives pour faciliter l'accueil au Canada de réfugiés ukrainiens qui fuient l'offensive russe dans leur pays.

Le ministre fédéral de l'Immigration, Sean Fraser, a notamment annoncé un nouveau programme d'accueil pour les ressortissants ukrainiens qui souhaitent venir au Canada temporairement.

Le Canada se joint ainsi aux nombreux pays qui mettent en place des mesures d'urgence permettant aux réfugiés contraints à l'exode de séjourner à l'intérieur de leurs frontières.

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L'autorisation de déplacement d'urgence Canada–Ukraine permettra aux ressortissants ukrainiens dont la demande obtiendra l'aval des autorités de rester jusqu'à deux ans en sol canadien.

Tous les Ukrainiens qui seront accueillis au Canada en vertu de ce processus auront droit à un permis de travail ou un permis d'études, et pourront travailler pour n'importe quel employeur canadien pendant la durée de leur séjour.

Le pays est prêt à accueillir autant de réfugiés ukrainiens qu'il le faudra, a soutenu Sean Fraser.

Le gouvernement ne prévoit d'ailleurs pas de limite quant au nombre de ressortissants ukrainiens qui seront acceptés au Canada, a indiqué le ministre Fraser en point de presse aux côtés de la vice-première ministre, Chrystia Freeland, au cours duquel le gouvernement a aussi annoncé d’autres sanctions contre la Russie et des livraisons d’armes à l’Ukraine.

Selon le plus récent bilan de l'ONU présenté jeudi, le nombre de réfugiés poussés vers les chemins de l'exil par l'invasion russe en Ukraine a déjà franchi le cap du million, dont la moitié sont des enfants.

Ces départs forcés se font en majeure partie vers la Pologne, qui accueille à elle seule plus de la moitié des réfugiés, ainsi que vers la Hongrie, la Moldavie, la Slovaquie et la Roumanie, les pays voisins situés à l'ouest de l'Ukraine.

Pas de levée des visas

Invoquant des impératifs de sécurité, le gouvernement Trudeau refuse toutefois de lever l’exigence de visas, comme le réclame l'opposition.

Une exemption de visa ferait en sorte que des individus, dont les personnes alliées à la Russie qui ont attaqué les forces ukrainiennes dans les régions séparatistes du Donbas, pourraient passer entre les mailles du filet, craint le ministre.

La procédure sera simplifiée, mais les autorités continueront ainsi d'effectuer la vérification des antécédents des ressortissants et l'enquête de sécurité. Nous levons la plupart des exigences qui existent en vertu des visas traditionnels, a fait valoir le ministre, assurant qu'Ottawa était ainsi en train d'éliminer la plupart des problèmes de visa.

Le Canada renonce par exemple aux frais de demande que les personnes inscrites doivent habituellement débourser.

Pour se qualifier, les gens ne devront remplir qu'un seul formulaire et fournir des données biométriques pour le contrôle de leur identité, a indiqué le ministre.

La solution retenue est la procédure la plus rapide pour commencer à accueillir des réfugiés ukrainiens au Canada, a soutenu le ministre Fraser.

Ottawa a commencé à envoyer des trousses biométriques dès la mi-janvier dans les pays limitrophes de l'Ukraine, a-t-il indiqué. Nous avons le matériel et le personnel sur place pour faire ça à Bucarest, à Vienne et à Varsovie, et 30 autres sites en Europe, a-t-il expliqué.

Face à la gravité de la situation, il est de notre devoir d’agir pour soutenir la population ukrainienne. 

Jean Boulet, ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, ainsi que du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale

Nous sommes prêts à prolonger les heures d'ouverture et à ajouter du personnel au besoin là où c'est nécessaire.

Des permis de travail et d'études prolongés seront aussi délivrés pour les ressortissants ukrainiens qui sont actuellement au Canada et qui ne peuvent rentrer chez eux, a ajouté Sean Fraser.

Ottawa lance aussi une procédure accélérée de réunification familiale par le truchement d'un nouveau programme de parrainage familial pour les Ukrainiens qui voudront s'établir au Canada de façon permanente.

Les précisions sur ces programmes seront communiquées au cours des prochaines semaines.

Le Canada compte plus de 1,3 million de personnes qui se disent d'origine ukrainienne, selon Statistique Canada. La diaspora ukrainienne au pays est ainsi la deuxième en importance dans le monde après celle qui vit en Russie.

Des villes et des provinces se tiennent prêtes

Des provinces et des municipalités ont indiqué qu'elles entendaient répondre présentes pour aider les ressortissants ukrainiens.

Jeudi, le gouvernement du Québec s'est engagé à mettre en œuvre un programme humanitaire spécial pour aider les membres de la communauté ukrainienne du Québec à parrainer leur famille élargie.

Québec entend aussi accélérer le traitement des demandes d’immigration temporaire, tant pour les travailleurs que pour les étudiants.

Dans un communiqué du ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Québec assure aussi de sa totale collaboration au gouvernement fédéral dans la mise en place d’un permis de travail ouvert qui permettra aussi aux ressortissants ukrainiens de bénéficier de services, comme les services de garde, l'éducation et l’accès aux soins de santé.

« Face à la gravité de la situation, il est de notre devoir d’agir pour soutenir la population ukrainienne. »

Jean Boulet, ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, ainsi que du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale

Le Manitoba, où vit le plus grand nombre de Canadiens se disant d'origine ukrainienne, veut lui aussi accélérer l’immigration des Ukrainiens dans la province. La Saskatchewan indique être prête à accueillir rapidement un nombre illimité d’Ukrainiens.

Des villes canadiennes veulent aussi apporter leur contribution. Le maire de Winnipeg, Brian Bowman, a par exemple écrit cette semaine au ministre fédéral de l’Immigration et au premier ministre Justin Trudeau, leur indiquant que sa ville voulait accueillir des réfugiés ukrainiens.

Montréal s'est par ailleurs dite prête à accueillir les ressortissants [ukrainiens].

Nous sommes de tout cœur avec le peuple ukrainien et nous serons là pour accueillir les ressortissants dès leur arrivée au Canada, a assuré la conseillère associée au comité exécutif pour les relations internationales, Alia Hassan-Cournol, dans un communiqué publié jeudi.

Nos équipes sont pleinement mobilisées en ce sens et les instances de concertation sont actives dans le dossier, a-t-elle ajouté.

L'opposition officielle demande à l'administration Plante de remettre en place le Comité de coordination montréalais créé en 2015 pour l'accueil et l’intégration des réfugiés syriens. Ensemble Montréal réclame également la mise en place d'un formulaire en ligne destiné à recenser les propositions d’aide des Montréalais.