Le Canada serait au deuxième rang du G20 pour les subventions aux combustibles fossile

Le Canada continue de subventionner les énergies fossiles de manière importante malgré ses engagements internationaux, selon un rapport d’Oil Change International. L’organisme à but non lucratif estime que le Canada a, en moyenne, donné annuellement jusqu'à 8,5 milliards de dollars américains à des projets liés à ce type d'énergie entre 2019 et 2021. Les précisions de Marc-Antoine Leblanc pour Radio-Canada.

 
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SHISTES bITUMINEUX
Images d'archives d'exploitation de sable bitumineux à Fort Murray dans l'Alberta au Canada, ce 5 août 2005.
AP Photo/Gregory Bull, File
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Parmi les pays du G20, le Canada arrive au deuxième rang de ceux qui financent le plus les projets de combustibles fossiles avec des fonds publics. Seul le Japon dépense davantage, avec une moyenne annuelle de 10,6 milliards de dollars américains.

La Corée du Sud et la Chine complètent le peloton de tête avec respectivement 7,3 milliards et 6,7 milliards de dollars américains de subventions au secteur des énergies fossiles. Selon les auteurs du rapport, ces quatre pays sont restés à la tête des plus grands contributeurs de 2013 et 2021.

Oil Change International précise, dans son rapport, que certains pays, dont la Chine, offrent peu de transparence quant aux dépenses publiques, ce qui complique l'accès aux données précises.

Des subventions qui contrastent avec l'image écologique du pays

Pour Bronwen Tucker, l’une des auteures du rapport, les chiffres canadiens ne sont pas étonnants en soi, vu que le pays se retrouve constamment dans les meneurs en matière de subventions aux énergies fossiles.

Le Canada continue de subventionner les énergies fossiles de manière importante malgré ses engagements internationaux, selon un rapport d’Oil Change International. L’organisme à but non lucratif estime que le Canada a, en moyenne, donné annuellement jusqu'à 8,5 milliards de dollars américains à des projets liés à ce type d'énergie entre 2019 et 2021.

Parmi les pays du G20, le Canada arrive au deuxième rang de ceux qui financent le plus les projets de combustibles fossiles avec des fonds publics. Seul le Japon dépense davantage, avec une moyenne annuelle de 10,6 milliards de dollars américains.

La Corée du Sud et la Chine complètent le peloton de tête avec respectivement 7,3 milliards et 6,7 milliards de dollars américains de subventions au secteur des énergies fossiles. Selon les auteurs du rapport, ces quatre pays sont restés à la tête des plus grands contributeurs de 2013 et 2021.

Oil Change International précise, dans son rapport, que certains pays, dont la Chine, offrent peu de transparence quant aux dépenses publiques, ce qui complique l'accès aux données précises.

Des subventions qui contrastent avec l'image écologique du pays

Pour Bronwen Tucker, l’une des auteures du rapport, les chiffres canadiens ne sont pas étonnants en soi, vu que le pays se retrouve constamment dans les meneurs en matière de subventions aux énergies fossiles.

À son avis, le plus étonnant est plutôt l'apparente contradiction entre la position du pays sur ce type d'énergie et l'investissement qu'il y consacre. C’est surtout décevant avec les promesses qu’a faites le Canada d’éliminer progressivement les subventions aux combustibles fossiles d’ici la fin de 2022.
 

Il reste encore un peu de temps au Canada pour tenir ses promesses et mettre en place des politiques, mais ce n'est certainement pas le genre de chiffres que nous aurions voulu voir à l'approche de ces échéances, précise-t-elle.

Le Canada est aussi en troisième position des pays bénéficiaires des investissements en énergies fossiles. Avec un peu plus de 3 milliards de dollars américains, le pays se trouve derrière le Mozambique et la Russie, qui bénéficient d’environ 7 milliards et un peu moins de 9 milliards, respectivement.

Le rapport, qui s’intéresse aux années 2019, 2020 et 2021, comprend les prêts, les garanties de prêts, les subventions, les fonds propres, et la couverture d'assurance fournis aux producteurs de combustibles fossiles par les banques de développement internationales, les institutions financières publiques et les agences de crédit à l’exportation.

Le PLC et ses promesses

Aux dernières élections, la plateforme électorale du Parti libéral du Canada promettait la fin des subventions aux énergies fossiles d’ici 2023.

Un gouvernement libéral réélu s’engage à [...] devancer de 2025 à 2023 son engagement au G20 d’éliminer les subventions à l’industrie des combustibles fossiles, peut-on lire.

Le programme stipule aussi que le parti élaborera un plan pour éliminer progressivement le financement public du secteur des combustibles fossiles, y compris des sociétés d’État, conformément à son engagement concernant l’objectif de la carboneutralité d’ici 2050.

Selon, Bronwen, le pays a encore la capacité de réduire considérablement ses contributions aux énergies fossiles d’ici la fin de 2022. Je pense que c’est réaliste, d’autres pays l’ont fait. Le Royaume-Uni avait une politique similaire au Canada, et ils ont été capables de se retourner du jour au lendemain.

La barre est haute, mais c’est possible, ajoute-t-elle.

Les combustibles fossiles sont encore les favoris

Entre 2019 et 2021, les pays du G20 et les banques multilatérales de développement ont dépensé pas moins de 55 milliards de dollars américains en soutien financier public aux combustibles fossiles.

Selon les auteurs du rapport, il s’agit d’une diminution par rapport à la moyenne annuelle de 86 milliards de dollars américains de  2016 à 2018.

Le financement des combustibles fossiles des pays du G20 est toutefois presque deux fois plus élevé que le soutien annuel aux énergies renouvelables, qui s'établit à 29 milliards de dollars américains, rappellent-ils.

Les investissements dans les énergies vertes sont également restés relativement stables, selon les analystes.

Ils soulignent que le financement pour ce type d’énergie n’a que légèrement augmenté [...] au lieu de croître de manière exponentielle comme cela est nécessaire pour soutenir une transition énergétique globalement juste.

Ils sont passés d’une moyenne annuelle de 27 milliards de dollars américains, de 2016 à 2018, à 29 milliards de dollars, de 2019 à 2021.

La France, le Brésil et l’Allemagne sont ceux qui mènent le G20 dans les subventions aux énergies vertes, avec 2,8 milliards, 2,5 milliards et 2,2 milliards de dollars américains, respectivement.

Le Canada, quant à lui, consacre environ 800 millions de dollars américains à ce type.