D'impressionnantes photos de bovins ont fait le tour des réseaux sociaux. Un internaute croit savoir qu'il s'agit de bovins élevés aux hormones. Il s'inquiète du fait que ces animaux pourraient bientôt se retrouver dans l'assiette des Européens. La faute -selon lui- au CETA, le traité commercial entre l'Union européenne et le Canada. En réalité, si d'autres produits controversés pourraient arriver dans l'UE, le bœuf aux hormones n'est pas concerné.
Le CETA, cet accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada est en vigueur à titre provisoire depuis septembre 2017. Il n'a pourtant été ratifié que par 13 pays européens sur 28. La France attend l'accord du Sénat, après l'approbation de justesse par les députés le 23 juillet.
Selon certaines publications très partagées sur les réseaux sociaux, le texte permet l'importation de boeufs aux hormones, pourtant interdits dans l'UE. Nous avons vérifié.
Quelles interdictions dans l'Union européenne ?
Les normes sanitaires sur les produits agricoles sont strictes dans l'Union européenne.
Concernant la viande en particulier, suite à la crise de la vache folle, l'élevage de boeuf nourris avec des farines animales est interdit. Il n'est pas autorisé de nourrir des animaux avec des résidus d'autres animaux.
Même chose pour les antibiotiques. Ils ne doivent pas être utilisés lors de l'élevage de bovins destinés à la consommation.
Enfin, l'usage d'hormones de croissance est également interdit par l'Union européenne depuis 1988.
Ces produits sont-ils autorisés au Canada ?
Au Canada, c'est différent. Six hormones destinées à accélérer la croissance des boeufs et autres bovins sont autorisées.
Tout comme certaines farines animales d'origine bovine (issues par exemple du sang, des graisses ou des poils) et même certains antibiotiques.
L'assiette des Européens est-elle menacée ?
Concernant le boeuf aux hormones, pas de risque. L'importation de viande issue d'animaux traités aux anabolisants reste interdite. Les éleveurs canadiens ont même dû créer une filière spécifique pour répondre à cette exigence sanitaire européenne.
Et d'ailleurs, les taureaux présentés sur Facebook ou Twitter comme étant nourris aux hormones ne le sont pas. Il s'agit d'une race spécifique appelée "blanc bleu belge" spécialement sélectionnée génétiquement pour sur-développer la musculature de l'animal. On en trouve beaucoup en Wallonie, la Belgique francophone. Pas de boeuf aux hormones sur ces photos, donc.
En revanche, le flou demeure sur les autres interdictions. Certains boeufs nourris aux farines animales côté canadien pourraient entrer sur le territoire européen.
Même chose pour les antibiotiques. Même si dans ce cas, une interdiction a bien été prévue par le Parlement européen mais elle n'entrera pas en vigueur avant 2022.